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Au-delà de la routine

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/28/2009 -  
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu (Suite) – Petrouchka
Serge Prokofiev : Concerto pour violon n° 2, opus 63

Sergej Krylov (violon)
Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg, Youri Temirkanov (direction)


Y. Temirkanov (© Sasha Gusov)



«Routine sucrée»,«routine de luxe»: sans franchement décevoir, les deux premiers des trois concerts de l’Orchestre philharmonique de Saint-Pétersbourg et Youri Temirkanov cet automne au Théâtre des Champs-Elysées se sont révélés en retrait de ce que la formation russe et son directeur musical avaient montré au public parisien au cours des dernières saisons. Ce sentiment se confirme d’entrée de jeu avec la Suite de L’Oiseau de feu (1910) de Stravinski, souvent langoureuse, parfois même amollie: la machine – imposant effectif de 65 cordes – donne l’impression d’avancer toute seule, forte de son sens collectif toujours aussi admirable, aucun soliste ne se mettant indûment en vedette. En fin de soirée, les inévitables bis – encore une fois le Pas de deux extrait du second acte de Casse-Noisette (1892) de Tchaïkovski et «Nimrod», neuvième des Variations «Enigma» (1899) d’Elgar – trahissent une volonté d’en faire un peu trop, comme s’il fallait tirer le spectateur par la manche.


Dans le reste du programme, le chef et les musiciens font en revanche honneur à leur réputation. Le Second concerto (1935) de Prokofiev offre ainsi davantage de tonus et de couleur, de chaleur et de mordant: l’intonation du violoniste Sergej Krylov est parfois surprenante, mais son jeu rugueux et extraverti se marie avec un orchestre fascinant, à la sonorité tour à tour truculente et fantastique. Comme de bien entendu, le soliste choisit Bach en bis, mais au lieu de puiser parmi les Sonates ou les Partitas, se lance dans le périlleux arrangement de la Toccata et fugue en ré mineur pour orgue réalisé par Bruce Fox-Lefriche, qui illustre à la fois la pertinence et les limites de la thèse selon laquelle l’œuvre fut originellement destinée au violon.


Retour à Stravinski en seconde partie pour un Petrouchka (1911) résolument enraciné dans ses origines populaires: pas de chatoiement de timbres mais des teintes crues, une direction énergique voire brutale, un caractère trivial et même bruyant, une approche dramatique et délibérément théâtrale. Trop théâtrale? L’attitude de Temirkanov tend certes au cabotinage, déclenchant l’intervention du contrebasson comme s’il appuyait sur un bouton et modelant attentivement le moindre solo de flûte. Mais le chef raconte une histoire qui se déroule sur de modestes tréteaux de marionnettes au milieu d’une fête populaire. Dès lors, les contrebasses peuvent produire de monstrueux raclements, les cors imiter des soufflets d’accordéon et les trompettes pousser leurs commentaires stridents: une interprétation qui saisit de la première à la dernière note, évoquant Chagall et Soutine plutôt que Kandinsky ou Malevitch.



Simon Corley

 

 

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