About us / Contact

The Classical Music Network

Amsterdam

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Farce loufoque

Amsterdam
Opéra
10/29/2009 -  et 31 octobre, 2, 4, 6 novembre, 28, 30 juin, 2, 4, 7, 9, 11 juillet
Gaetano Donizetti : L’Elisir d’amore
Valentina Farcas (Adina), Dimitri Korchak (Nemorino), Tommi Hakala (Belcore), Lucio Gallo (Dulcamara), Renate Arends (Giannetta)
Chœur de l’Opéra d’Amsterdam, Nederlands Kamerorkest, Riccardo Frizza (direction)
Guy Joosten (mise en scène)


L. Gallo, V. Farcas (© Marco Borggreve)


Après l’Opéra de Paris (lire ici), l’Opéra d’Amsterdam reprend à son tour L’Elixir d’amour, dans une mise en scène de Guy Joosten beaucoup moins convaincante que celle de Laurent Pelly. Celui-ci réussissait la synthèse entre l’opera buffa et la comédie musicale : le metteur en scène belge fait de la partition de Donizetti un musical loufoque, où les gags succèdent aux gags. Dulcamara devient un rocker à la Presley, tout de strass vêtu, Belcore dirige une compagnie de mercenaires atterrissant dans un désert d’Afrique, Adina ressemble à une star hollywoodienne paressant dans son bain. Bref, Guy Joosten déconstruit, jette, à travers L’Elixir un regard caustique sur notre société américanisée, où le couple, à la fin, se marie dans une sorte de casino de Las Vegas. Un travail parfois virtuose qui paraît vite superficiel malgré des scènes assez réussies et assez amusantes – la séance de gymnastique sur la plage - où les effets faciles détruisent la finesse de la partition, pourtant appuyé sur une direction d’acteurs précise et efficace. Lorsque rien ne se prête plus à l’effet, lorsque l’on quitte le Crazy Horse, lorsque parle le cœur, comme dans le duo du deuxième acte, les choses fonctionnent beaucoup mieux.


Valentina Farcas ne soutient pas la comparaison avec Anna Netrebko, renouant avec une fâcheuse tradition qui confine Adina à un soprano léger, au médium pauvre et peu coloré – le contre-mi bémol, à la fin du premier acte, ne compense rien. La vocalisation est aisée, le chant propre et nuancé, mais tient plus de la soubrette que de la riche fermière de Donizetti. Si Dimitri Kortchak, naguère Demofoonte au Palais Garnier (lire ici), a plus de voix que Charles Castronovo, il trahit une tendance à chanter uniformément forte et à privilégier l’éclat au détriment de la subtilité, plus proche de certains Verdi que du bel canto qui se survit à lui-même dans L’Elixir, solide et homogène en tout cas, franc de ligne et s’affinant au fur et à mesure de la représentation après un air d’entrée trop carré. Tommi Hakala, en revanche, rejoint Laurent Naouri pour le malcanto, pire encore par le débraillé vocal, l’absence de ligne, la grossièreté de l’incarnation – il est vrai que la mise en scène en fait un macho détestable et priapique, toujours prêt à culbuter la première venue. Faisant jeu égal avec Paolo Gavanelli, Lucio Gallo, heureusement, sauve l’honneur des clés de fa, avec du mordant dans le timbre, compensant, lui, ses déhanchements de rocker par sa tenue vocale, comique mais stylé, ne diluant jamais ses phrasés dans le chant syllabique rapide. Si l’Orchestre de chambre néerlandais n’égale pas celui de l’Opéra de Paris, il témoigne d’une belle cohérence et la direction de Riccardo Frizza surclasse aisément celle de Paolo Arrivabeni : elle concilie les élans du théâtre et la finesse des couleurs, restituant bien la subtilité des saveurs et des arômes du melodramma donizettien.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com