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Démesure symphonique

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
10/02/2009 -  et 3 octobre 2009
Gustav Mahler : Symphonie N° 3
Hanne Fischer (alto)
Chœur féminin de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Ensemble vocal du Conservatoire de Strasbourg, Maîtrise de garçons de Colmar, Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)


M. Albrecht (© Marco Broggreve)


La monumentale 3e Symphonie a longtemps fait figure de grande absente des quelques cycles Mahler programmés par l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, omission réparée à l’occasion de cette ouverture de saison 2009/2010. La distribution peu courante requise par cette 3e Symphonie a sans doute contribué a cette rareté, mais l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg dispose à présent, grâce à son ensemble permanent de choristes amateurs dirigé par Catherine Bolzinger, d’un effectif choral féminin capable d’en assumer sans problème la partie vocale médiane, courte mais d’intonation exposée et difficile. Quant à l’apport de l’excellente Maîtrise de Colmar d’Arlette Steyer, il s’avère tout aussi providentiel pour équilibrer les forces en présence, les mouvements IV et V pouvant ainsi assumer sans problème leur rôle de plages de détente momentanée au sein d’une œuvre congénitalement touffue. Soliste unique, mise à nu à un moment névralgique, Hanne Fischer chante son O Mensch! sans parvenir à dissimuler les effets du trac, la voix se rétablissant heureusement assez vite, avec de belles couleurs et des moyens de mezzo wagnérien bien en situation.


Une partie vocale impeccable, encadrée par un orchestre manifestement motivé, sous la direction de Marc Albrecht qui abordait là pour la première fois ce massif symphonique intimidant, le plus long de tous les édifices mahlériens. Le temps de répétition d’un concert symphonique habituel s’est sans doute avéré trop peu substantiel pour cerner correctement une partition aussi conséquente et quelques déficits d’architecture restent patents. Pas forcément d’ailleurs dans les passages les plus spectaculaires mais plutôt dans les nombreux instants de dénuement sonore relatif du premier mouvement Kräftig. Entschieden (Avec force et décision) où le chef doit veiller à l’élaboration sur le vif d’une musique de timbres épars, dont les composants sont difficiles à unifier.


Mais l’orchestre s’efforce de donner le meilleur de lui-même, avec une série de contributions solistes de haut niveau, dont un premier trombone d’une virtuosité roborative et un poétique solo de cor de postillon, assumé depuis la coulisse par le trompettiste Vincent Gillig. Parfois en quête d’identité au cours de l’immense volet initial, l’envoûtement mahlérien fonctionne ensuite pleinement dans les deux mouvements suivants, plus souplement conduits. Et l’Adagio instrumental final conclut ce monument avec toute la solennité requise. Un concert ambitieux, stimulante ouverture de saison pour un Orchestre Philharmonique de Strasbourg qui recueille là les fruits d’un vrai travail de fond.


A noter aussi l’arrivée, enfin (le poste était vacant depuis… 2002 !), d’un nouveau violoniste super soliste : Vladen Chernomor, d’origine ouzbèque, dont on perçoit d’emblée la sonorité très riche au sein des premiers violons, avant même quelques soli superbement phrasés. Très nouvelle aussi la perception visuelle d’un véritable Konzertmeister, qui tente d’entraîner avec des mouvements marqués du haut du corps l’ensemble de son pupitre : des manifestations d’autorité auxquelles on n’était plus guère habitué à Strasbourg, et dont l’influence pourrait s’avérer rapidement bénéfique.



Laurent Barthel

 

 

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