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La grande tradition

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/24/2009 -  
Johannes Brahms : Quatrième Symphonie en mi mineur op. 98 – Deuxième Symphonie en ré majeur op. 73
Philharmonia Orchestra, Christoph von Dohnányi (direction)


C. von Dohnányi (© Stefan Malzkorn)


Entendre Christoph von Dohnányi et Gustavo Dudamel à un jour d’intervalle constitue une passionnante expérience, tant est grand le fossé qui les sépare. Mais on se gardera bien d’abaisser l’un pour élever l’autre. Deux cultures, tout simplement. Et les fulgurances de la Fantastique exaltée du cadet latin n’ont fait aucune ombre aux Brahms admirablement maîtrisés de l’aîné, héritier de la meilleure tradition germanique.


L’Allegro non troppo initial de la Quatrième Symphonie frappe par un heureux mélange d’énergie et de fluidité, de puissance et de clarté, par la hauteur de vue avec laquelle le chef structure le mouvement, attentif à la polyphonie comme s’il dirigeait du Bach. L’orchestre chante, sans s’abandonner, gardant une réserve parfois quasi ascétique qui, paradoxalement, n’asséchera pas l’Andante moderato et ne raidira pas l’Allegro giocoso. La Passacaille finale, de même, n’a rien de scolastique, encore moins de statique ; on y sent une dramatisation de la forme rappelant le chef de théâtre. La qualité de l’interprétation tient aussi à l’entente entre le chef et l’orchestre – qu’il dirige depuis quinze ans maintenant -, une phalange aux sonorités tout aussi homogènes, mais plus sèches, moins généreuses que celles de l’Orchestre Symphonique de Londres – Gergiev, de toute façon, est l’antithèse de Dohnányi. Par cette direction exigeante et maîtrisée, jamais massive ou cérébrale néanmoins, ce dernier fait finalement un peu penser – comme d’ailleurs dans Strauss – à Karl Böhm.


La Deuxième Symphonie, on s’en doute, se situera plutôt du côté de Hambourg que de Vienne – le chef a d’ailleurs été directeur de l’0péra de Hambourg et de l’Orchestre de la NDR. Pas d’hédonisme, de rondeurs flatteuses à la Karajan dans l’Allegro non troppo, même si l’on sent ici une respiration plus libre que dans la Quatrième ; il y a plutôt quelque chose de terrien dans l’interprétation, qui se veut puissamment architecturée, avec un développement très tendu : ce Brahms-là n’est pas l’admirateur de Johann Strauss. Une certaine tension ôte également à l’Adagio non troppo toute naïveté pastorale, d’autant plus que le chef se refuse à envelopper les sonorités, toujours aussi soucieux de la clarté des lignes, presque sombre dans son approche. Pas de sentimentalité non plus dans l’Allegretto grazioso, où l’on se régale des échanges entre les cordes et les bois. Et l’élan qui soulève le finale ne gomme jamais les nuances, impeccablement respectées, le chef dramatisant cet Allegro con spirito, jusqu’à une coda plus grandiose que jubilatoire, comme pour rapprocher cette symphonie de la Quatrième, alors qu’on a plutôt tendance à les opposer. Cette intégrale des Symphonies de Brahms par Christoph von Dohnányi se terminait en beauté.


Le site de l’Orchestre Philharmonia



Didier van Moere

 

 

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