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Une Bohème un peu grisâtre

Paris
Opéra Bastille
10/29/2009 -  et 31* octobre, 3, 6, 9, 12, 15, 18, 21, 24, 27, 29 novembre
Giacomo Puccini : La Bohème
Stefano Secco/Massimo Giordano* (Rodolfo), David Bizic (Schaunard), Tamar Iveri/Inva Mula* (Mimi), Giovanni Battista Parodi/Wojtek Smilek* (Colline), Ludovic Tézier*/Dalibor Jenis (Marcello), Matteo Peirone (Benoît), Rémy Corazza (Alcindoro), Natalie Dessay (Musetta), Pascal Meslé (Parpignol), Andrea Nelli (Sergente dei doganari), Marc Chapron (Un doganiere), Myoung-Chang Kwon (Un venditore ambulante)
Orchestre et Chœur de l’Opéra national de Paris, Maîtrise des Hauts-de-Seine/Chœur d’enfants de l’Opéra national de Paris, Daniel Oren (direction)
Jonathan Miller (mise en scène)


N. Dessay et L. Tézier (© Opéra national de Paris/Christian Leiber)


Après La Ville morte (lire ici), on descend d’un cran. Le travail de Jonathan Miller, déjà repris trois fois depuis sa première présentation en 1995, rassure toujours ceux qui veulent que la mise en scène colle à l’histoire, au texte et à la musique, mais La Bohème gagne à être revisitée, ne serait-ce que pour rendre justice à la modernité de Puccini. Si la production reste impeccablement réglée, elle a peut-être fait son temps et l’on exige aujourd’hui des directions d’acteurs moins routinières. Le spectacle se trouve donc d’abord porté par les chanteurs et l’orchestre.


Daniel Oren confirme, s’il en était besoin, ses qualités de chef de théâtre, donnant un élan, une vie à cette Bohème qu’il dirige d’une main ferme et souple, sans pompiérisme dans le deuxième tableau, créant une atmosphère de matin blafard dans le troisième. Moins éprouvée par Mimi que par Mireille (lire ici), Inva Mula préserve mieux ici l’homogénéité du timbre et de la tessiture, évitant d’infuser de la mièvrerie dans l’émotion ; elle donne progressivement de la densité au personnage tout en lui conservant sa fraîcheur. Et elle l’emporte sur Natalie Dessay, qui s’est montrée fort mal avisée en abordant Musette. Le rôle a beau être plus léger que celui de Mimi, il appelle un médium plus corsé malgré les échappées vers l’aigu dans la valse et on n’y sent guère la soprano française à l’aise, sans compter une inadéquation stylistique évidente. Sa tendance à exagérer le comique du deuxième tableau, de plus, cadre mal avec la retenue de la mise en scène, la conduisant à la limite d’une vulgarité récusée par Puccini, alors que sa sobriété, dans le dernier tableau, l’insère parfaitement dans le tragique de la situation : elle n’a pas grand-chose à chanter et c’est elle que l’on regarde.


Le Rodolfo de Massimo Giordano attend le troisième tableau pour se révéler, stabiliser sa voix et assurer ses phrasés, même s’il n’efface aucunement le souvenir de certains de ses prédécesseurs ; le premier tableau trahit un timbre mat, des aigus forcés, un legato problématique… et les dernières notes du duo en coulisse sonnent complètement faux. Il a heureusement d’excellents compères, du Marcello exemplaire de tenue de Ludovic Tézier au Colline de Wojtek Smilek, très beau dans son adieu au manteau. Cela dit, cette reprise de la Bohème, malgré ses mérites, n’encombrera pas nos mémoires, déjà meublée de grands souvenirs.



Didier van Moere

 

 

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