About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Le retour de Cleveland

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/25/2009 -  et 20 octobre (Toronto), 3 novembre (Linz) 2009
Claude Debussy : Fêtes
Joseph Haydn : Symphonie n° 85 «La Reine»
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 5, opus 47

The Cleveland Orchestra, Franz Welser-Möst (direction)


F. Welser-Möst



Après Chicago (voir ici et ici) et avant New York, l’Orchestre de Cleveland est le deuxième des trois «Big Five» de la côte Est à s’arrêter cette saison en France. Malgré les vacances et l’absence de «locomotive» soliste, le public n’a pas boudé cette occasion: la dernière visite de la légendaire phalange de George Szell remontait en effet à juin 2002, à la toute fin du mandat de dix-huit ans de son directeur musical d’alors, Christoph von Dohnányi. Devenu music director laureate, le chef allemand, qui, par coïncidence, était à l’affiche avenue Montaigne les deux soirs précédents à la tête du Philharmonia, a laissé la place à Franz Welser-Möst: ce dernier est assuré d’une longévité quasi équivalente, puisqu’il a vu son contrat renouvelé jusqu’en 2018, qui marquera le centenaire de l’orchestre. De Toronto à Linz, sa ville natale, il accomplit actuellement une tournée faisant par ailleurs étape à Amsterdam et à Vienne, où, tout juste âgé de cinquante ans, il deviendra à l’automne prochain Generalmusikdirektor du Staatsoper, associé à l’actuel directeur général du Théâtre des Champs-Elysées, Dominique Meyer.


Même si le chef autrichien s’est déjà produit à Paris dans le répertoire symphonique (voir ici), sa réputation s’est davantage établie dans le domaine lyrique, durant ses treize années à la tête de l’Opéra de Zurich (1995-2008), après un passage diversement apprécié au Royal Philharmonic (1990-1996). De ce point de vue, «Fêtes», deuxième des Nocturnes (1899) de Debussy, en révèle plus sur la bonne forme des musiciens – bois exceptionnels, finesse et transparence de l’ensemble, jusque dans des tutti jamais saturés – que sur les affinités de Welser-Möst avec la partition, abordée avec lenteur et distance.


Comme Chicago voici un mois, Cleveland a décidé de voyager avec Haydn: un choix surprenant, même s’il s’explique sans doute par le bicentenaire de la mort du compositeur, car les formations préfèrent généralement s’illustrer dans des pages plus immédiatement payantes et, d’une certaine façon, présentant moins de risque que les exigences du classicisme. Cela étant, l’orchestre a de qui tenir: si son Debussy rappelle peut-être qu’il n’a pas établi autant que celui de Boston sa renommée sur la musique française, son enregistrement des Londoniennes sous la baguette de Szell demeure en revanche, quarante ans plus tard, parmi les plus grandes références haydniennes. C’est toutefois dans l’une des Parisiennes, la Quatre-vingt-cinquième «La Reine» (1785), qu’il se produit: faisant appel à un effectif relativement fourni (trente-neuf cordes), Welser-Möst évoque moins son illustre prédécesseur qu’une tradition un peu surannée, celle d’un confort sonore, à base de vibrato et legato, et d’une tendance à l’affectation, avec des phrasés très travaillés et volontiers ralentis en fin de phrase. Mais l’ensemble tient grâce à des tempi qui ne traînent pas, à une réelle urgence dramatique dans les développements et, surtout, à de superbes solos (flûte, basson).


Dans la Cinquième symphonie (1937) de Chostakovitch, le refus du pathos rend le propos parfois trop étale, mais cette façon de prendre du recul dans les mouvements impairs ne manque pas pour autant de qualités poétiques, dans un registre plus méditatif qu’expressif. Les climax n’en ressortent qu’avec plus d’intensité, tandis que l’Allegretto, grotesque et cinglant, illustre parfaitement la dimension mahlérienne du compositeur soviétique: une lecture qui, malgré un Allegro final pas vraiment non troppo quoique sans retenir excessivement l’allure dans la coda, frappe par son côté péremptoire, sans concession, nullement triomphaliste, traduisant ainsi les ambiguïtés d’une œuvre née dans des circonstances particulièrement sombres, entre mise en cause officielle de l’auteur de Lady Macbeth et première vague de procès staliniens.


Pas de mambo en bis avec Welser-Möst – et c’est probablement mieux de la sorte – mais le Prélude au premier acte de Lohengrin (1848) de Wagner, dont il souligne le caractère contemplatif, parsifalien avant l’heure, servi par des violons d’une belle précision dans l’aigu.


Le site de l’Orchestre de Cleveland



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com