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Trop rare Schreker

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/11/2009 -  
Jean-Philippe Lafont (baryton)
Orchestre Pasdeloup, Philippe Hui (direction)

Franz Schreker : Prélude du premier acte de Die GezeichnetenEin Tanzspiel – Suite de Der Geburtstag der Infantin – Kammersymphonie – Ballade de Der ferne Klang – Suite d’orchestre de Der ferne Klang


F. Schreker


Korngold à Bastille, Schreker aux Champs-Elysées : la « musique dégénérée » reviendrait-elle en force ? On rêve en tout cas de voir à Paris un opéra de Schreker, à commencer par ces Stigmatisés (1918), sans doute son chef-d’œuvre, dont le Prélude ouvre le concert de l’Orchestre Pasdeloup. Musique d’une sensualité grisante, où Wagner côtoie l’impressionnisme dans une synthèse qui est la marque de fabrique du compositeur. Philippe Hui s’y montre très heureux à la tête d’un orchestre d’une belle homogénéité, offrant une interprétation à la fois fougueuse et colorée – les couleurs françaises accentuent justement l’impressionnisme de la musique. Ein Tanzspiel, composé pour les sœurs Wiesenthal, deux danseuses célèbres, attire moins, le génie de Schreker ne s’y épanouissant pas comme dans ses opéras ; l’orchestre ne s’y montre pas non plus sous son meilleur jour, avec une Sarabande un peu laborieuse et un Menuet que l’on aimerait plus fluide. On préfère L’Anniversaire de l’Infante, pantomime d’après Oscar Wilde, qui date de la même année 1908, premier opus écrit pour les deux sœurs, que le chef dirige avec un lyrisme sobre et un évident souci des timbres, réussissant les enchaînements parfois problématiques entre les différentes parties ; nous entendons en réalité la Suite de 1923, dans l’orchestration moins opulente de 1908 – c’est avec cette œuvre que Schreker fit ses débuts au théâtre, avant que le sujet inspire Zemlinsky.



Si la Symphonie de chambre (1917) pour vingt-trois instruments, l’œuvre du compositeur la plus familière au public parisien, n’ignore pas la Première de Schoenberg, elle n’a rien à lui envier ; chef-d’œuvre du post-wagnérisme, contemporaine des Stigmatisés, elle témoigne du génie essentiellement dramatique de Schreker et constitue une sorte de pendant orchestral de ses opéras. Philippe Hui donne libre cours au lyrisme exalté de la partition, mais construit rigoureusement son interprétation et préserve la fluidité des lignes, avec une parfaite intégration des différents – et excellents - pupitres. Dans la ballade du Son lointain (1912), chantée par le Comte au deuxième acte, Jean-Philippe Lafont, en bonne forme vocale, confirme, s’il en était besoin, ses affinités avec l’opéra allemand. De ce premier opéra de Schreker, Philippe Hui a tiré une Suite d’orchestre, dont on peut critiquer l’ordonnance : terminer par la danse finale du deuxième acte paraît un peu artificiel. Mais l’interprétation est à la fois brillante et structurée, l’orchestre constituant toujours une heureuse surprise.



Donné grâce à l’Institut Franz Schreker, dont le siège est à Paris, accompagné d’une exposition, le concert est présenté dans un programme remarquablement fait, avec un hommage du chef, par ailleurs directeur artistique et musical de l’Institut, au « musicien sacrifié ». Un musicien que la France se doit de mieux connaître.


Le site de la Fondation Franz Schreker



Didier van Moere

 

 

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