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Péniche Anako
09/09/2009 -  
Joseph Haydn: Sonate pour piano n° 31, Hob.XVI.46
Bruno Mantovani: Italienne – Le Livre de JEB
Claude Debussy: Six Préludes extraits du Second livre

Jean-Efflam Bavouzet (piano)


J.-E. Bavouzet (© J Henry-Fair)


Sixième édition, déjà, pour «Les Journées romantiques», toujours sous la direction artistique de Maciej Pikulski et David Selig: fidèle à la deuxième semaine de septembre, le festival organisé par les deux pianistes se déroule fort opportunément durant cet entre-deux situé après la fin des vacances estivales et juste avant que la rentrée musicale ne batte son plein. «Journées romantiques»? Les spectacles n’ont pas lieu durant la journée, mais à raison d’un tous les soirs à 20 heures 30 du 8 au 16 septembre, et la programmation ne se concentre pas exclusivement sur le répertoire romantique. Qu’importe, car on se laissera convaincre sans trop de peine que le romantisme tient au cadre, celui du bassin de la Villette, où est amarrée la Péniche Anako, sur la rive opposée à celle où stationne la Péniche Opéra. Ouverte par Laurent Naouri, cette édition se refermera sur un récital d’Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel, mais l’affiche des autres concerts ne manque pas non plus d’attraits, à l’image de la venue de Jean-Efflam Bavouzet.


La dureté de l’instrument et la sécheresse de l’acoustique ne sont sans doute pas les mieux à même de rendre justice à la Trente-et-unième sonate (1770) de Haydn. Mais cette sonate est chère au cœur du pianiste, qui l’a enregistrée voici dix-huit ans pour Harmonic Records. Dès lors, Haydn ne fait pas ici office de simple mise en appétit ou mise en doigts, fonction à laquelle il est trop souvent réduit: Bavouzet ne néglige pas la moindre reprise et met en valeur le caractère aventureux de l’une des partitions les plus étonnantes de son auteur, qui jette un pont entre Scarlatti et C.P.E. Bach, d’un côté, Mozart et Beethoven, de l’autre: un respect constructif et inventif, nullement figé, dont témoignent également une ornementation discrète et, surtout, une cadence de son cru, à laquelle invitent immanquablement, quatre mesures avant la fin de l’Adagio central, l’accord, le trille et le point d’orgue.


Italienne (2000) n’était pas inscrite au programme, mais Bavouzet a souhaité jouer cette courte page (cinq minutes) afin d’assurer une transition vers une autre pièce de Mantovani, Le Livre de Jeb, qu’il a créée la veille à Toulouse. Fondée sur la répétition insensiblement variée d’un fragment de l’Allemande de la Suite en la mineur de Rameau, Italienne accélère et s’exaspère au travers d’un processus qui n’est pas sans rappeler les délirantes toccatas de Nancarrow ou Ligeti, se concluant sur une succession de couperets qui viennent interrompre les tentatives de réapparition de la mélodie. De plus vastes proportions (vingt minutes), Le Livre de Jeb constitue la préfiguration d’une Fantaisie avec orchestre dont la première sera donnée à Lille en mai prochain. Il s’agit, selon le compositeur, d’un «portrait» du pianiste: non seulement ses initiales apparaissent dans le titre, mais l’œuvre fait référence à sa passion pour le jazz – qu’il partage avec Mantovani – et se fonde notamment sur une formule harmonique, issue du Quintette avec piano «Blue girl with red wagon», pour laquelle Bavouzet et – à en croire sa longue présentation liminaire – davantage encore son épouse avouent une inlassable fascination. L’interprète tombe la veste pour l’occasion: on le comprend aisément, car ce travail sur la prolifération mais aussi sur la résonance – ouvrant ainsi des interstices dans lesquels l’orchestre pourra, le moment venu, se faufiler – est à la fois d’une virtuosité transcendante et d’une grande exigence physique, même si, le talent aidant, l’effort n’est jamais perceptible. D’une grande liberté, le langage peut parfois évoquer Debussy, Messiaen ou même Reich, mais s’affranchit de toute tentation purement épigonale.


Après une courte pause, Bavouzet conclut avec Debussy, dont il est reconnu à juste titre comme l’un des plus remarquables spécialistes, depuis qu’il a réalisé une intégrale pour Chandos, prochainement enrichie d’un cinquième volume consacré à des transcriptions de ballets. Comme en juillet dernier au Festival Messiaen (voir ici), il a choisi les Préludes, plus précisément les six derniers du Second livre (1912). Et c’est avec plaisir qu’on retrouve ce Debussy franc du collier mais non dénué de subtilité, exact mais pas neutre ou précautionneux. Sixième prélude de ce Second livre, «"General Lavine" -eccentric-», annoncé par erreur sur le programme, réapparaît finalement en bis.


Le site des Journées romantiques
Le site de la Péniche Anako
Le blog de Jean-Efflam Bavouzet



Simon Corley

 

 

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