About us / Contact

The Classical Music Network

Savonlinna

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Un soprano à suivre

Savonlinna
Olavinlinna
07/15/2009 -  et 18, 22, 24* juillet
Gaetano Donizetti : Lucia di Lammermoor
Luis Ledesma (Enrico), Eglise Gutiérrez (Lucia), Felipe Rojas Velozo (Edgardo), Sergey Semishkut (Arturo), Mika Kares (Raimondo), Tuija Knihtilä (Alisa), Petri Bäckström (Normanno)
Chœurs et Orchestre du festival de Savonlinna, Alberto Hold-Garrido (direction)
Marianne Mörck (mise en scène)


E. Gutiérrez, F. Rojas Velozo (© Timo Seppäläinen/Itä-Savo)


Le mur de pierre de la cour du château se prête mieux au nocturne romantique qu’est Lucia di Lammermoor qu’au japonisme fin-de-siècle de Madame Butterfly. A vrai dire, il se suffirait à lui-même et n’appelle pas ces lourdes colonnes qui envahissent un plateau sans profondeur. Elles semblent d’autant plus inutiles que la mise en scène de Marianne Mörck, si elle semble viser le gothique flamboyant, avec torches, vapeurs, éclairs et tonnerre pour le duo entre Edgardo et Enrico – couvrant même la musique, au début - donne souvent dans l’histrionisme de pacotille, faute de vraie direction d’acteurs. Seuls Lucia, Edgardo et Raimondo restent crédibles : Enrico et Normanno s’agitent et courent beaucoup, avec des mines de méchants dignes des films de série B. Et lorsque le frère manque étrangler la sœur pendant leur duo de l’acte II, on sourit plus que l’on frémit – comme on sourit à voir Raimondo prodiguer ses bénédictions.



Cette coproduction du festival et de l’Opéra de Malmö pourtant, ne passe pas inaperçue : elle est portée par la magnifique soprano américano-cubaine Eglise Gutiérrez, l’artiste de l’année du festival, dont la Lucia avait déjà, en 2007, lors de la première présentation de la production, transporté le public. Une belle voix, d’abord, riche de couleurs dont elle fait un usage vraiment belcantiste, à l’aigu rayonnant, non sans ressources dans le médium. La technique est sûre, aussi : elle peut attaquer ses aigus pianissimo, vocaliser avec assurance, jouer sur une souffle parfaitement maîtrisé. Et elle fait de Lucia un personnage, progressivement construit, jusqu’à une scène de folie très habitée, où la cadence ne relève pas de la démonstration mais devient symptôme de l’égarement d’une conscience.


Le ténor chilien Felipe Rojas Velozo s’apparie bien à elle, par son timbre typiquement latin, la clarté de son émission, son aisance dans la restitution de la prosodie. Voilà un Edgardo juvénile et passionné, entachant néanmoins sa prestation par des aigus un peu coupants et quelques effets véristes inutiles, notamment dans l’air du dernier acte, où il faut conserver une élégance belcantiste. Ce n’est rien, cependant, à côté de l’Enrico du baryton mexicain Luis Ledesma, qui ne cesse de donner de sa voix – plutôt belle au demeurant – sans guère se soucier de style, avec des aigus dont la justesse laisse à désirer. La basse finlandaise Mika Kares, sacrée artiste de l’année du festival de 2008, se montre beaucoup plus discipliné et davantage au fait du chant donizettien, même si le timbre manque, pour le coup, de lumière latine : l’air du troisième acte, plus encore que celui du deuxième, révèle une belle noblesse dans la ligne de chant.


Si le chef espagnol Alberto Hold-Garrido, qui officia à Helsinki et à Stockholm, a le mérite de ne rien omettre de la partition, il a souvent du mal à dominer le rapport entre la fosse et le plateau, en particulier pour les valeureux chœurs du festival, dirigeant sans nuance et parfois trop fort, pris au piège d’une partition dont le bruit et la fureur dissimulent de nombreux clairs-obscurs et exigent paradoxalement une direction très maîtrisée.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com