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Le dindon de la farce

La Roque
Parc du château de Florans
08/03/2009 -  
Joseph Haydn : Symphonies n° 44 «Trauer» et n° 49 «La Passione» – Concerto pour piano Hob.XVIII.11 (#)
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonies n° 15, K. 124, et n° 17, K. 129 – Concertos pour piano n° 9 «Jeunehomme», K. 271 (&), et n° 23, K. 488 (+)

Mona Asuka Ott (#), Shani Diluka (+), Alice Sara Ott (&) (piano)
Württembergisches Kammerorchester Heilbronn, Ruben Gazarian (direction)


R. Gazarian et l’Orchestre de chambre du Wurtemberg



Pas de Festival de La Roque d’Anthéron sans «Nuits du piano», selon un déroulement immuable: trois concerts à 20 heures, 21 heures 30 et 23 heures, et des plateaux-repas (optionnels) à déguster sous les arbres centenaires durant le premier entracte. Rien d’étonnant à ce que la formule continue d’attirer un large public, d’autant que sont programmés soit des vedettes (les sœurs Labèque), soit des grands compositeurs, à commencer par Haydn. 2009 marquant le bicentenaire de sa mort, une «nuit» lui sera intégralement consacrée le 7 août, mais auparavant, il partage l’affiche avec Mozart: au total, trois concertos et quatre symphonies de l’un et de l’autre, d’inégale valeur, s’agissant tant des œuvres elles-mêmes que de leur interprétation.


Au terme de ces deux heures et demie de musique, c’est Haydn qui apparaît comme le dindon de la farce, bien que représenté par deux fleurons de sa période Sturm und Drang, la Quarante-quatrième «Funèbre» (1771) et la Quarante-neuvième «La Passion» (1768). Mais la médiocre qualité instrumentale de l’Orchestre de chambre du Wurtemberg et la baguette trop placide du chef arménien Ruben Gazarian (né en 1971), directeur artistique et Chefdirigent depuis la saison 2002-2003, n’offrent qu’un aperçu très lointain de ces «orages et passions» préromantiques: l’effectif réduit (dix-neuf cordes que les deux cors ont tôt fait de couvrir) pourrait faire illusion, mais le respect erratique des reprises, hormis dans les menuets, et, surtout, l’absence d’urgence et de tension marquent clairement le retour au «papa Haydn» d’avant les «baroqueux», bien sage sous sa perruque, alors même que d’autres ensembles sur instruments «modernes» ont prouvé qu’on pouvait se départir, dans ce répertoire, de cette fadeur de bon ton.


Quant au choix des deux symphonies de Mozart, la laconique Dix-septième (1772) en trois mouvements et la presque aussi brève Quinzième (1772) en quatre mouvements, il ne laisse pas de surprendre: si l’objectif était de montrer qu’à la même époque, Haydn était bien plus avancé dans le domaine de la symphonie, il a été amplement atteint, car ces deux partitions mozartiennes s’apparentent davantage à des sérénades ou à des divertissements et se situent donc très en deçà de la trilogie de l’hiver 1773-1774, pourtant postérieure de moins de deux ans. L’orchestre y met sans doute davantage d’enthousiasme que dans Haydn, peut-être inspiré par la gestuelle du chef arménien: toujours aussi imprévisible dans ses choix de reprises, il prend des poses totalement disproportionnées à l’intérêt de cette musique. Mais on n’en éprouve pas moins un petit pincement au cœur de constater ce qu’il est advenu de la formation fondée en 1960 par Jörg Faerber, qui a naguère permis à bon nombre de découvrir le répertoire baroque et classique.



M. A. Ott (© Xavier Antoinet)



Cela étant, c’est d’une «Nuit du piano» qu’il s’agit, et l’attention se concentre donc sur les musiciennes de culture à la fois asiatique et européenne qui se succèdent devant le Bechstein dans les trois concertos de la soirée. Au lieu du Concerto en sol initialement annoncé, c’est le Concerto en ré (1782) de Haydn, avec son fameux finale «all’ungarese», que donne Mona Asuka Ott (robe rouge): les notes défilent consciencieusement, mais cette lecture articulée et détachée jusqu’à la sécheresse pèche trop souvent par manque d’enjeu, d’inventivité, d’humour et de souplesse.



A. S. Ott (© Xavier Antoinet)



Née en 1991, la jeune Munichoise a donc tout le temps de mûrir sa conception, par exemple en suivant l’exemple de sa sœur aînée, Alice Sara (robe verte), née en 1988, qui ferme la marche dans le Neuvième concerto «Jeunehomme» (1777) de Mozart. Le début laisse pourtant craindre la même façon de tricoter avec dureté et du bout des doigts: peut-être le trac, car l’Andantino et le Rondeau final se révèlent bien plus satisfaisants.



S. Diluka (© Balazs Borocz/Pilvaxstudio)



La grande triomphatrice est cependant Shani Diluka (robe blanche), née en 1976, dans un autre concerto au célèbre mouvement lent en mineur, le Vingt-troisième (1786), tant par son toucher que par son jeu vivant et souple. Si deux disques parus chez Mirare avaient déjà permis de faire sa connaissance dans le répertoire romantique (voir ici et ici), on se réjouit de rencontrer ici une vraie mozartienne.


Le site de Mona Asuka Ott
Le site de Shani Diluka
Le site d’Alice Sara Ott
Le site de l’Orchestre de chambre du Wurtemberg



Simon Corley

 

 

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