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Rare, vous avez dit rare ?

Montpellier
Le Corum, Opéra Berlioz
07/19/2009 -  
Manfred Gurlitt: Trois discours politiques pour baryton, chœur d’hommes et orchestre (création)
Jacques Offenbach: La Haine

Detlef Roth (baryton), Fanny Ardant (Cordélia), Gérard Depardieu (Orso), Dörte Lyssewski (Uberta), Farida Khelfa (récitante)
Chœur de la Radio lettone, Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Enrico Delamboye (direction)




Qui dit Festival de Radio France et Montpellier Languedoc-Roussillon dit raretés : aussi réducteur soit-il, cet axiome n’en est pas moins vrai. Après Zaira de Bellini lors de la première soirée de la vingt-cinquième édition, qui se tient du 13 au 31 juillet (voir ici), l’Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, fondé il y a trente ans, et le Chœur de la Radio lettonne, cette fois-ci sous la direction d’Enrico Delamboye, assurent une création et une résurrection pour le moins marquantes.


Pour ses Trois discours politiques pour baryton, chœur d’hommes et orchestre (1946), composés au Japon dans des circonstances politiques troublées, Manfred Gurlitt (1890-1972) a extrait trois textes de la Mort de Danton de Georg Büchner dont il a également mis en musique le Woyzeck, opéra créé quelques mois avant le chef-d’œuvre (quasiment) homonyme de Berg. Malgré qu’il soit particulièrement étayé, le programme de salle ne mentionne pas la raison pour laquelle cette partition, que la veuve du compositeur a confiée à René Koering, a dû attendre aussi longtemps pour être créée.


Le baryton incarne (en sprechgesang) trois personnages contrastés: Saint-Just, Robespierre, dont le discours est le plus bref, et Danton, le seul accompagné par le chœur. L’écriture de Gurlitt, cursive, presque laconique, sonne comme du Schönberg ou du Berg habilement assimilé et présente davantage de nuances dynamiques qu’il n’y paraît. Elle témoigne d’une science dramaturgique certaine, aussi serait-il judicieux de redécouvrir ses opéras dont Les Soldats d’après Jakob Lenz, composé bien avant ceux de Zimmermann. Hésitants au début, les applaudissements salueront finalement comme il se doit le chœur, l’orchestre, le baryton Detlef Roth et le chef lorsque ces derniers prennent l’initiative de revenir une dernière fois sur scène.


Le public de la Gaîté ne voulait pas de La Haine (1874), musique de scène d’Offenbach d’après Victorien Sardou, dont les répétitions se sont par ailleurs déroulées dans des conditions difficiles (problèmes financiers du théâtre, froid glacial, épidémie de grippe, irascibilité du librettiste...). Cette œuvre, sous fond de guerre de religion, de meurtre, de vengeance, de pardon et d’amour au XIVe siècle à Sienne, fut retirée de l’affiche après seulement vingt-sept représentations – « Le public aime l’art, c’est évident, mais il préfère l’art gai. On lui en donnera » (dixit Offenbach à la presse) – pour ensuite être oubliée dans les papiers de la descendance du compositeur jusqu’en 2006.


Cinq actes, un chœur, un orchestre imposant, un récitant et trois comédiens : même s’ils n’ont pas suffi pour plaire au public parisien, qui bénéficia en plus de décors somptueux, les moyens sont importants. Aujourd’hui, le texte de Sardou, manquant de ressort et réparti de façon disproportionnée entre la récitante, trop sollicitée (Farida Khelfa), et Cordélia (Fanny Ardant), Uberta (Dörte Lyssewski) et Orso (Gérard Depardieu, tenue décontractée, comme de coutume), séduit moins que la partition dont les numéros sont aussi dignes d’intérêt les uns que les autres. Offenbach montre un visage bien éloigné de celui que l’on connaît ; les habitués du festival ont d’ailleurs pu s’en rendre compte il y a quelques années avec Les Fées du Rhin (voir ici et ici). Les parties chorales permettent, en outre, d’imaginer ce que le compositeur aurait pu laisser comme musique religieuse. Bref, une date importante pour le Festival de Radio France qui serait bien inspiré d’enregistrer chez Accord cette musique épatante, parfaite dans son achèvement et son efficacité dramatique.


Le site de l’Orchestre national de Montpellier LR



Sébastien Foucart

 

 

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