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L’Orchestre philharmonique de Vienne en démonstration

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/22/2009 -  et 19, 21 juin 2009 (Wien)
Carl Maria von Weber : Der Freischütz (Ouverture)
Tōru Takemitsu : Mort et Résurrection
Felix Mendelssohn : Le Songe d’une nuit d’été, opus 21 (Ouverture) et opus 61 (Scherzo, Nocturne et Marche nuptiale)
Johannes Brahms : Symphonie n° 2, opus 73

Wiener Philharmoniker, Daniel Harding (direction)


Daniel Harding (© Harald Hoffmann/Deutsche Grammophon)



Initialement, ce concert de l’Orchestre philharmonique de Vienne, le dernier des trois donnés cette saison au Théâtre des Champs-Elysées par l’illustre phalange, après ceux dirigés par Zubin Mehta (lire ici) et Valery Gergiev (lire ici), devait être dirigé par Seiji Ozawa. Malheureusement, le chef japonais a dû être opéré en urgence d’une hernie, le conduisant à suspendre ses activités pour une dizaine de jours. Il a donc fallu, pou la petite tournée effectuée par l’orchestre (ce programme ayant préalablement été donné à Vienne, au Musikverein le 19 juin puis au Konzerthaus le 21 juin), lui trouver un remplaçant au pied levé : le choix s’est porté sur Daniel Harding qui, malgré son jeune âge (trente-cinq ans !), conduit depuis plusieurs années les plus grands orchestres à travers le monde. Sa direction, ample sans être désordonnée, séduit au premier coup d’œil, rappelant à bien des égards celle de Claudio Abbado (dont il fut l’assistant) ou de Mariss Jansons, et s’avère redoutablement efficace dans un programme taillé sur mesure pour le Philharmonique de Vienne. D’ailleurs, que n’a-t-on dit, que n’a-t-on écrit sur cet orchestre, régulièrement cité comme un des trois ou quatre meilleurs au monde ? Toujours admiré pour ses qualités musicales, il fut également raillé pour son conservatisme mais tel n’est plus le cas, les femmes intégrant petit à petit les pupitres. Quelle meilleure illustration de cette véritable révolution copernicienne que de voir, ce soir, le poste de konzermeister tenu par une femme, la violoniste d’origine bulgare Albena Danailova (qui fut précédemment violon solo de l’Orchestre philharmonique de Londres), un de ses anciens prédécesseurs, Werner Hink, n’étant placé qu’au troisième rang des premiers violons ?


Le concert débutait par un véritable morceau de bravoure : l’ouverture du Freischütz, symbole de l’opéra romantique allemand, composé par Carl Maria von Weber (1786-1826) et créé en 1821. L’introduction, sombre et angoissante, frappe par la puissance et la plénitude des cordes avant que, lancé par la clarinette, l’ensemble des musiciens ne s’engage dans un tout autre climat de caractère plus festif. Dirigé avec une impressionnante énergie par Daniel Harding, l’Orchestre philharmonique de Vienne prouve, si besoin était, ses affinités avec ce répertoire qu’il connaît par cœur.


Tel n’est pas en revanche le cas de la pièce suivante, composée par Tōru Takemitsu (1930-1996) dont la musique est régulièrement inscrite au programme des concerts dirigés par son compatriote Seiji Ozawa. Ainsi, dans un concert donné à la Salle Pleyel en mars 2001, le chef nippon avait-il déjà tenu à programmer Masques, pièce de 1959 composée pour deux flûtes seules. Ce soir était donné Mort et Résurrection, partition d’une durée équivalente (une dizaine de minutes) pour orchestre à cordes où dominent les contrastes entre passages dissonants et pleinement mélodiques, pizzicati et sons liés. Cette musique, qui a servi de bande originale à Black Rain de Shohei Imamura (1989) est un nouveau témoignage des affinités que Takemitsu entretenait avec le septième art, lui qui a également composé la musique de chefs-d’œuvre comme Dodeskaden (1970) ou Ran (1985) de Kurosawa. Sans être ennuyeuse, cette pièce laisse pourtant une impression mitigée, le propos tournant en boucle sans parvenir à se développer véritablement, les cordes du Philharmonique s’avérant, quant à elles, superbes de bout en bout.


La première partie du concert se concluait par plusieurs extraits symphoniques du Songe d’une nuit d’été de Mendelssohn (1809-1847). L’ouverture est à elle seule un chef-d’œuvre, composé par un génie de dix-sept ans. Le thème initial permet au vétéran Wolfgang Schulz, flûte solo historique de l’orchestre, de prouver qu’il n’a rien perdu de sa superbe. Envoûtante, suscitant dans l’esprit de l’auditeur les images les plus merveilleuses qui soient (fées, elfes, lutins), cette musique, loin de rester contemplative, connaît au contraire de nouvelles perspectives dans un Scherzo bondissant mené à vive allure par Harding. Ce passage plein de vie où flûtes, hautbois et clarinettes s’en donnent à cœur joie, s’arrête brusquement pour laisser place à un Nocturne où les bois s’effacent devant les cordes qui, de nouveau, instaurent un climat dominé par une poésie rêveuse. Enfin, mélodie ô combien célèbre au point de faire figure de « tube » du répertoire classique, la Marche nuptiale est jouée avec un rien trop de pesanteur et de sécheresse même si l’on ne peut qu’apprécier le manque de grandiloquence et d’emphase, Harding évitant ainsi toute vulgarité.


Créée par l’Orchestre philharmonique de Vienne en décembre 1877 sous la direction de Hans Richter (au programme figurait entre autres une ouverture de Mendelssohn, celle de Ruy Blas), la Deuxième symphonie de Johannes Brahms (1833-1897) a d’emblée reçu un accueil chaleureux. Lors de la première, l’Allegretto fut bissé et, rapportent les témoignages de l’époque, le public a applaudi après chaque mouvement ! C’est dire si cette œuvre fait partie du répertoire traditionnel de l’orchestre autrichien qui, sauf erreur, ne l’avait pas donnée en France depuis un mémorable concert dirigé par Ozawa en mars 2000. En dépit d’un investissement sans faille de la part des musiciens et de leur chef, l’interprétation s’avère quelque peu classique pour ne pas dire « routinière », le beau son (quel cor solo !) masquant parfois le manque d’imagination. Le premier mouvement (Allegro non troppo) est appréhendé avec douceur et sérénité, Harding ayant malheureusement tendance à trop accentuer la pulsation à trois temps qui a parfois valu à cette symphonie le surnom de « symphonie des valses ». Après un Adagio aux couleurs printanières, l’Orchestre philharmonique de Vienne s’épanouit pleinement dans un Allegretto enchanteur avant d’exploser dans le dernier mouvement.


Le triomphe que réserve le public aux musiciens nécessitait un bis. Ce fut, tout naturellement, une valse mais, contrairement à ce que l’on pouvait légitimement attendre, composée par Jean Sibelius (1865-1957) et non par un des membres de la prolifique famille Strauss. Splendide Valse triste qui fait parfaitement le lien avec les deux concerts programmés par l’Orchestre philharmonique de Vienne au cours de la prochaine saison puisque l’un d’entre eux comportera notamment la Deuxième symphonie du compositeur finlandais sous la baguette de Lorin Maazel, l’autre étant dirigé par Christian Thielemann (dans un programme Beethoven et Widmann).


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne
Le site de Daniel Harding



Sébastien Gauthier

 

 

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