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Figaro se fait une toile

Lausanne
Salle Métropole
06/07/2009 -  et 10, 12*, 14 juin 2009
Gioachino Rossini: Il barbiere di Siviglia
John Osborn (Le comte Almaviva), Fabio Capitanucci (Figaro), Sabina Puértolas (Rosina), Luciano Di Pasquale (Bartolo), Deyan Vatchkov (Basilio), Isabelle Henriquez (Berta), Alexandre Diakoff (Fiorello), Manrico Signorini (Ambrogio)
Chœur de l'Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (direction), Orchestre de Chambre de Lausanne, Günter Neuhold (direction musicale)
Adriano Sinivia (mise en scène et scénographie), Vincent Barraud (assistant à la mise en scène), Enzo Iorio (décors et costumes), Gilles Papain (vidéo), Fabrice Kebour (lumières)


(© Marc Vanappelghem/Opéra de Lausanne)


Pour cette dernière production lyrique de la saison 2008-2009 à Lausanne, la Salle Métropole avait des airs de studio de cinéma. Un joli clin d’œil, quand on sait qu’à l’origine, elle était vouée au septième art, avant que Maurice Béjart ne se démène pour la sauver et en faire une salle de spectacle. Les premières notes de la partition n’ont pas encore retenti qu’un technicien déboule sur le plateau pour lancer un «clap» annonçant une prova d’orchestra à Cinecittà. Adriano Sinivia, le metteur en scène, explique sa démarche dans le programme de salle: «Le Barbier de Rossini (...) est une comédie excessivement italienne... (un genre) encore si présent dans tous les esprits, grâce aux films cultes du néoréalisme et de la grande époque du cinéma italien». Décors en carton-pâte qui se font et se défont en un tournemain, éclairagistes et maquilleuses qui s'affairent sur scène, personnages et accessoires rappelant l'Italie des années 50-60 (un curé façon Don Camillo, un chasseur alpin, une Fiat 500, une vespa, pour ne citer que quelques exemples), effets spéciaux cinématographiques (fumée, tonnerre qui fait trembler les décors), projections vidéo, gags à foison et, au final, un générique se déroulant sur un grand écran, avec le mot fine venant s’inscrire en lettres géantes, sans oublier – entre autres trouvailles – une session de post-synchronisation hilarante, voilà les ingrédients d’une production intelligente, joyeuse et enlevée, d’une précision d’orfèvre, au diapason de la musique de Rossini. Adriano Sinivia ne manque pas d’idées et sa recette a fait mouche, à en juger par les applaudissements frénétiques du public à la fin de la soirée.


La partie musicale du spectacle n’est pas en reste. On admire l’abattage scénique de Fabio Capitanucci en Figaro roublard et vantard, cheveux gominés, un brin macho. La voix est splendide de santé, tout au plus peut-on regretter un manque de raffinement dans le style. On est ébloui par l’agilité vocale de Sabina Puértolas, qui cisèle les vocalises avec éclat et irradie le plateau avec sa Rosine rusée et espiègle. On est séduit par la vaillance de John Osborne en Almaviva, qui se paie le luxe de se lancer en fin d’ouvrage dans l’air Cessa di più resistere, sur lequel la plupart des ténors font l’impasse. Luciano Di Pasquale incarne pour sa part un Bartolo tiré à quatre épingles, tellement imbu de sa personne, mais d’une irrésistible drôlerie. On n’oubliera pas non plus l’excellente prestation d’Isabelle Henriquez en Berta pour une fois plutôt jeune, qui rêve de trouver un mari. Dans la fosse, l’Orchestre de Chambre de Lausanne apporte sa part de vie et de verve, sous la baguette inspirée de Günter Neuhold. Un spectacle à classer incontestablement parmi les meilleures productions lausannoises de ces dernières années.



Claudio Poloni

 

 

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