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Rigoletto non troppo

Madrid
Teatro Real
06/03/2009 -  & 4, 5, 6, 8, *9, 10, 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23 juin 2009
Giuseppe Verdi: Rigoletto
Roberto Frontali (Rigoletto), Patrizia Ciofi (Gilda), José Bros (Il Ducca), Marco Spotti (Sparafucile), Nino Surguladze (Maddalena), Mercè Obiol (Giovanna), Luiz-Ottavio Faria (Monterone), David Rubiera (Marullo), Ángel Rodríguez (Borsa), Tomeu Bibloni (Ceprano), Marta Ubieta (Comtesse Ceprano), Graciela Armendáriz (Un page)
Chœur Intermezzo, Peter Burian (chef de chœur), Orchestre du Teatro Real, Roberto Abbado (direction musicale)
Michael Levine (décors), Sandy Powell (costumes), Reinier Tweebeeke (lumières), Monique Wagemakers (mise en scène)


R. Frontali & P. Ciofi (© Javier del Real)



L’avant-dernier opéra de la saison du Teatro Real (on verra encore un juillet Le Nozze di Figaro) n’a pas été à la hauteur des spectacles auxquels on a assisté tout au long de cette saison. On attend toujours un Rigoletto dont l’iconographie changerait le concept, ou approfondirait le sens de ce chef d’œuvre, non pas avec un sens caché, mais se détachant plutôt de l'habituelle imagerie du « bal costumé ». Ne pourrait-on pas voir le Duc de Mantoue, une fois au moins, comme ce qu’il est, le chef mignon et sympathique d’un état où règnent l’arbitraire, le manque de garanties et le caprice criminel du puissant? Tout particulièrement aujourd’hui, avec la vogue et la mode des orgies dans la presse: « A turbare sarò vostr’orgie », dit Monterone, victime lui-même, mais aussi appel à Némésis.



Une parenthèse sur le ténor. Le bienaimé Juan Diego Flórez était prévu pour le rôle du Ducca, mais ce dernier s’est rendu compte lui-même que sa voix était trop légère pour ce rôle. Le rôle du Duc de Mantoue convient à presque toute la gamme des ténors lyriques ou légers, sauf les héroïques, bien sûr, mais la trop voix légère de tenorino ne convient pas dans cet emploi; ce type de voix, rare et exquis, est plus approprié pour certains rôles donizettiens et rossiniens (Nemorino, Almaviva) mais peu souhaitable pour un rôle comme celui du Duc; il ne s’agit pas d’une tradition établie, mais d’une réalité têtue. Flórez a bien fait d'abandonner après quelques représentations devant un public qui pourtant l’adore. Nous n'y étions pas, hélas !



Les voix sont d'un bon niveau, voire excellent, mais la direction d’orchestre souvent fade de Roberto Abbado et la mise en scène trop distante, même éloignée, de Monique Wagemakers, ne rendaient pas justice à l’émotion bouleversante d’une œuvre aussi parfaite, aussi mesurée, où rien ne manque, où rien n’est en trop, et devant laquelle il n'est pas permis de s'ennuyer. Réflexion? Effet V? Éloignement brechtien? Peut-être s'agissait-il de cela? Mais expérimenter l’éloignement avec Rigoletto, était une expérience risquée… et manquée ; au mieux, une tentative maladroite. Il ne s'agit pas de froideur, même si le mur de la stylisation anti-paroxysmique est supprimé dans la mise en scène de Wagemakers avec les décors pas nécessairement froids de Levine (économie de moyens, suggestions, antiréalisme, pourquoi pas, après tout) mais aussi de l’anti-beauté - fût-elle délibérée - et des costumes de Powell (parfois très laids : tout particulièrement ceux des courtisans au premier acte !)
L’utilisation du chœur comme personnage a, en revanche, un intérêt et une théâtralité incontestables.



Heureusement, il y avait les chanteurs. Peut-être José Bros a-t-il souffert de la déception du public qui attendait Juan Diego Flórez, ou de la rigueur puritaine de la mise en scène, mais ce chanteur n'a pas eu le succès qu’il méritait. Avec sa formidable voix de ténor lyrique-léger, il campe un Duc dans une tradition et une couleur de voix qui rappellent Alfredo Kraus. Patrizia Ciofi, au moins, a été reconnue par un public qui l’a préférée. Sans doute l’émotion n’a-t-elle pas pu être écrasée par l’impitoyable Wagemakers, coupable d'avoir littéralement détruit le quatuor de l’acte III ! Formidable Ciofi, formidable Gilda. Roberto Frontali tire tout juste son épingle du jeu mais il méritait plus ; son Rigoletto est très bon et sa ligne de chant n'est ni sinistre ni obscure. Les deux "méchants" ont été très bien servis par les voix et les présences scéniques de Marco Spotti (Sparafucile) et la mezzo géorgienne Nino Surguladze (Maddalena). Luiz-Ottavio Faria, excellent Monterone, aurait mérité un autre décor pour son affrontement avec le pouvoir et avec le bouffon. Le chœur Intermezzo, formidable en tant qu'acteur collectif, accomplissait aussi un rôle excellent en tant que groupe dont David Rubiera et Ángel Rodríguez en Marullo et Borsa sont des membres éminents.

Mention" passable", dirons-nous, malgré quelques sources de satisfaction, notamment un orchestre en très bonne forme, hélas médiocrement dirigé.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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