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Allumer le feu

Paris
Théâtre du Châtelet
05/30/2009 -  
Leonard Bernstein : Slava, a political overture – Three dance episodes from «On the town» – Candide: Ouverture et Suite (éditée par Charlie Harmon)
George Gershwin : Rhapsody in blue (arrangement Katia et Marielle Labèque)
Aaron Copland : Concerto pour clarinette

Patrick Messina (clarinette), Katia et Marielle Labèque (piano)
Orchestre national de France, Kristjan Järvi (direction)


K. Järvi (© Peter Rigaud)



Rien de tel qu’un long week-end de Pentecôte agrémenté d’un climat quasi estival pour se déboutonner un peu: c’est aussi un plaisir que de voir les musiciens de l’Orchestre national de France arborer d’aussi larges sourires sur la scène du Châtelet. Et cette «nuit américaine» était en outre confiée au dynamique et charismatique Kristjan Järvi, chef principal et directeur musical de l’Orchestre des Tonkünstler de Basse-Autriche jusqu’à la fin de la présente saison et artistic advisor de l’Orchestre de chambre de Bâle depuis 2008. Né en 1972, il n’est autre que le fils de Neeme et le frère de Paavo, de près de dix ans son aîné, qui prendra la tête de l’Orchestre de Paris à compter de la rentrée 2010.


Quelques années avant que la famille Järvi ne prenne le chemin de l’exil américain, les Etats-Unis avaient accueilli Mstislav Rostropovitch, alias Slava, et son épouse. Dès la première saison du violoncelliste russe à la tête du National Symphony Orchestra de Washington, Bernstein lui dédia une courte pièce qu’on a peu souvent l’occasion d’entendre: typique du brillant éclectisme du compositeur, Slava, a political overture (1977) juxtapose souvenirs de Sousa et d’Ives, mélodie populaire russe et autocitations mais aussi bruits de foule et extraits de discours préenregistrés en un mélange festif qui se conclut sur une joyeuse exclamation de l’orchestre («Slava!»). Dès 1945, Bernstein a tiré d’On the town (1944), son premier musical, une courte suite: intitulée Trois épisodes de danse, elle fournit l’occasion de retrouver les thèmes tour à tour entraînants et bluesy qui ont fait le succès de la production présentée l’hiver dernier au Châtelet (voir ici).


Katia et Marielle Labèque interprètent ensuite la Rhapsody in blue (1924): Gershwin en a lui-même réalisé une version pour deux pianos (sans orchestre), mais elles ont souhaité réaliser leur propre adaptation pour deux pianos et orchestre. Elle se fondent sur les propos que leur aurait tenus Ira Gershwin, affirmant que son frère avait conçu l’œuvre pour deux pianos et un petit ensemble de big band. Le résultat n’est pourtant guère convaincant: les deux sœurs, aussi démonstratives et excessives, percussives et approximatives qu’à l’accoutumée, Katia (côté jardin, robe fuchsia) davantage que Marielle (côté cour, robe vert moiré), fragmentent la partition d’autant plus que leur arrangement se limite, pour l’essentiel, à confier alternativement à un clavier puis à l’autre la partie soliste de la version originale. Ce jeu de ping-pong ne laisse que très rarement la place à un véritable duo de pianos, seulement quand l’une double la partie de l’autre, ne contribuant qu’à épaissir les textures, ou bien la pimente de ci de là de petits commentaires. Saluées par un élégant lancer de fleurs venu de la salle, les showwomen demeurent fidèles à leur légende dans la «Jet song» de West side story (1957) donnée en bis.


Ecrit pour Benny Goodman, le Concerto pour clarinette (1948) de Copland avait toute sa place dans ce programme volontiers jazzy. Premier solo du National, Patrick Messina fait contraster avec brio et musicalité la délicatesse et la réserve du premier mouvement avec le feu d’artifice de rythmes, de couleurs et de timbres de la cadence et du second mouvement. Retour à Bernstein pour conclure, avec des extraits de Candide (1956), également monté au Châtelet en décembre 2006 (voir ici): après l’Ouverture, c’est une Suite de dix-sept minutes éditée en 1998 par Charlie Harmon, l’assistant du compositeur, consistant en huit numéros enchaînés qui, sans suivre l’ordre du livret, reprennent les highlights de cette comic operetta, à la manière des Danses symphoniques de West side story.


C’est d’ailleurs sur le Mambo extrait de ces Danses que la soirée prend fin: un bis lancé par un bœuf du batteur, qui a tombé la veste et le nœud papillon. Quant à Kristjan Järvi, il invite le public à frapper dans les mains et, à l’instar des musiciens, à crier «Mambo!». Bref, en ce samedi, il n’y a pas qu’au Stade de France qu’on sait allumer le feu.


Les formations de Radio France se sont décidément mises à l’heure américaine: dès le 5 juin, ce sera au tour de l’Orchestre philharmonique d’aborder Bernstein (Sérénade et Danses symphoniques de West side story) à Pleyel sous la direction de Myung-Whun Chung. Et le lendemain, en formation de chambre, il offrira à l’auditorium Olivier Messiaen un passionnant concert à entrée libre intitulé «Amériques» (Antheil, Carter, Schuller, Ives et Bernstein).


Le site de Kristjan Järvi
Le site de Katia et Marielle Labèque



Simon Corley

 

 

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