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Gergiev sans flamboyance

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/25/2009 -  et 26 mai 2009 (Dresden)
Jean Sibelius : Symphonie n° 1, opus 39
Igor Stravinski : L’Oiseau de feu

Wiener Philharmoniker, Valery Gergiev (direction)


Valery Gergiev (© D.R.)



Moins d’une semaine après sa venue avec l’Orchestre symphonique de Londres pour le second volet d’un cycle Prokofiev (voir ici), Valery Gergiev est déjà de retour à Paris, conduisant pour une très brève tournée européenne l’Orchestre philharmonique de Vienne dans un programme qu’il a précédemment donné à deux reprises dans la capitale autrichienne: une collaboration ancienne, puisqu’elle remonte au Boris Godounov de 1997 à Salzbourg, et que les spectateurs du Théâtre des Champs-Elysées ont déjà eu l’occasion d’apprécier en septembre 2004 et en février 2008 (voir ici). Comme de coutume, la prestigieuse phalange a attiré le public des grands soirs avenue Montaigne, à commencer par Henri Dutilleux, dont Gergiev a souvent dirigé la musique ces derniers mois, lui consacrant notamment ses «Nuits blanches» pétersbourgeoises de juin 2008.


L’orchestre n’est sans doute pas sibélien par excellence, même si, voici près d’un demi-siècle, il a gravé avec Lorin Maazel l’une des premières intégrales des Symphonies et si, à la fin des années 1980, Leonard Bernstein l’a choisi pour en enregistrer quatre. Quant au chef russe, il ne peut davantage être tenu pour un spécialiste de ce répertoire: allait-il faire de la Première symphonie (1899) une Septième de Tchaïkovski? Sauf à de rares instants, il parvient à éviter cet écueil: sensible au caractère fantastique et épique du propos, son interprétation ne verse pas pour autant dans la complaisance, au point que l’attention portée à la virtuosité instrumentale, nonobstant le fait que les musiciens semblent parfois désarçonnés par sa battue, l’emporte sur la générosité de l’expression. Car si la formation viennoise, sans surprise, n’offre pas toute la densité, la rugosité et les teintes sombres de l’œuvre, elle ne lui apporte pas moins une finesse et une transparence procurant de superbes satisfactions sonores.


Vienne n’a eu droit qu’à la Suite, mais Paris et, le lendemain, Dresde bénéficient du ballet intégral de L’Oiseau de feu (1910) de Stravinski. Gergiev, décidément moins flamboyant qu’à son habitude, ouvre un grand livre d’images richement colorées, moins âpre que sensuel, tour à tour capiteux comme du Scriabine ou raffiné comme du Ravel: un regard un peu distant sur cette partition somptueuse, dont il offre toutefois à savourer chaque instant, malgré quelques menues imprécisions des cuivres. En bis, l’orchestre apporte sa légendaire subtilité au «Panorama» du deuxième acte de La Belle au bois dormant (1889) de Tchaïkovski et conclut la soirée par un quasi inévitable salut à la couleur locale, avec la polka rapide Eingesendet (1868) de Josef Strauss.


Fidèle au Théâtre des Champs-Elysées, la Philharmonie de Vienne reviendra dès le 22 juin sous la direction de Seiji Ozawa (Takemitsu/Martin/Mendelssohn) et, la saison prochaine, avec Christian Thielemann le 16 novembre (Beethoven/Widmann), puis avec Lorin Maazel le1er mars (Beethoven/Sibelius).


Le site de l’Orchestre philharmonique de Vienne



Simon Corley

 

 

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