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Compromis Geneva Victoria Hall 05/20/2009 - Gustav Mahler: Symphonie n° 9 Orchestre de la Suisse Romande, Fabio Luisi (direction) Fabio Luisi
Il est très rare qu’un chef invité se produise avec la Neuvième Symphonie de Gustav Mahler. Au même titre que Tristan et Isolde ou la Missa Solemnis, il s’agit d’un monument d’une très grande complexité dont orchestre et chef ne peuvent que rendre justice qu’après un long travail et surtout après l’avoir porté ensemble sur une longue période.
Il faut se réjouir de pouvoir entendre cette œuvre mais savoir que l’on devra accepter quelques compromis. Ceux-ci se manifestent dans les deux premiers mouvements. Fabio Liusi accentue les aspects dramatiques du premier mouvement. Ce que l’on gagne en théâtralité, on le perd dans les passages plus apaisés et méditatifs. Les équilibres favorisent trop souvent les cuivres dans les tutti au détriment des cordes dont on perd la ligne. Mais surtout, c’est l’architecture de ce mouvement qui n’est pas assez mis en valeur. Il y a trop de ruptures et de discontinuité. Vers la fin du mouvement, le retour usuellement magique du premier thème au tempo initial est ressenti comme une citation ou un collage un peu artificiel. A nouveau, il s’agit de problèmes qui ne se résolvent que sur la durée.
Les choses changent à partir du Rondo Burleske. La mise en place et les équilibres sont plus travaillés et les changements de tempis demandés par Mahler plus naturels. Le climat se met calmement en place et les musiciens trouvent avec justesse la dimension du délicat passage central de ce mouvement (au chiffre 37 pour les Beckmesser de la partition). Les cordes donnent le ton d’un Adagio final, guidés de main de maitre par le chef italien. La fin de l’œuvre, si prenante avec ses silences et ce sentiment non de décomposition mais d’abîme, prend à la gorge.
En entendant ce dernier mouvement, on se demande s’il ne faudrait pas identifier un répertoire spécifique que l’on puisse confier aux mêmes chefs invités sur une longue période en parallèle du travail que peut réaliser le directeur musical d’un orchestre. Pourquoi ne pas faire revenir Luisi chaque année dans cette œuvre ? Il ne faut cependant pas trop insister sur ces petits défauts. C’est un challenge instrumental et artistique pour tout ensemble de jouer cette œuvre et c’est un privilège pour le public de pouvoir l’entendre et la vivre dans une salle de concert.
Le site de l’association Gustav Mahler de Genève
Antoine Leboyer
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