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Cortot con moto

Paris
Salle Cortot
05/16/2009 -  
Franz Schubert : Moments musicaux, D. 780
Wolfgang Amadeus Mozart : Fantaisie, K. 475, et Sonate n° 14, K. 457
Frédéric Chopin : Sonate n° 3, opus 58

Colette Zérah (piano)


Colette Zérah



L’association «Piano con moto» offre notamment l’occasion d’entendre chaque saison Olivier Reboul (voir ici, ici et ici), mais ce formidable artiste ne doit pas faire oublier le rendez-vous annuel, également salle Cortot, avec Colette Zérah, autour de laquelle l’association s’est constituée voici maintenant vingt ans.


Il est différentes catégories de programmes audacieux, que ce soit par leur difficulté ou leur rareté. Mais les plus redoutables ne sont-ils finalement pas ceux associant les plus grandes œuvres des génies de la musique, où les références pullulent et où le «droit à l’erreur» est sans doute moins toléré? Tel est en tout cas le choix opéré par la pianiste, élève de Lazare Lévy, Hans Leygraf et Eduard Steuermann, qui relève le défi avec une constante musicalité.


Ainsi, dans les six Moments musicaux (1824) de Schubert, les doigts et la mémoire trahissent parfois la pensée et l’expression, mais quelle merveille, dans le Moderato en ut dièse mineur, que cette fusion entre le legato de la main droite et le staccato de la main gauche! D’une vérité et d’un naturel mais aussi d’une liberté qui s’adressent au cœur en même temps qu’à l’esprit, un Schubert très allant – en particulier dans l’Allegretto conclusif (en la bémol) –, plus humain que métaphysique, conservant toujours une saveur et une simplicité populaires, et pas seulement dans l’Allegretto en fa mineur (parfois appelé «Air russe»).


Dans la Quatorzième sonate (1784) de Mozart, Colette Zérah confère toute leur portée aux indications molto et assai des deux allegros, animés par une saisissante urgence. Elle fait précéder la Sonate de sa Fantaisie (1785) introductive, où la matité des couleurs et le refus des effets faciles édifient un portique sévère et intimidant.


Après cette première partie pantagruélique (près d’une heure de musique), la seconde est intégralement consacrée à la Troisième sonate (1844) de Chopin. Les imprécisions sont plus que compensées par tout ce qu’offre par ailleurs le jeu de Colette Zérah, comme sa façon de faire chanter le second thème de l’Allegro maestoso initial ou la légèreté magique du Scherzo. Si le Presto final est bien ma non tanto, favorisant l’articulation du texte, c’est dans le Largo, d’une évidence et d’une sensibilité admirables, que culmine le récital.


Le site de Piano con moto



Simon Corley

 

 

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