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«tellement lubrique que l’on fera des enfants dans la salle»

Paris
Opéra Comique
04/27/2009 -  et 29, 30 avril, 3, 5 mai 2009
Emmanuel Chabrier : Le Roi malgré lui
Jean-Sébastien Bou (Henri de Valois, roi de Pologne), Magali Léger (Minka), Franck Leguérinel (Le duc de Fritelli), Sophie-Marin Degor (Alexina, duchesse de Fritelli), Gordon Gietz (Le comte de Nangis), Nabil Suliman (Laski), Didier Roussel (Basile, Liancourt), Brian Bruce (Elbeuf), Paolo Stupenengo (Maugiron), Jean-François Gay (Le comte de Caylus), Grégoire Guérin (Le marquis de Villequier), Jacques Gomez (Un soldat)
Chœurs de l’Opéra de Lyon, Orchestre de Paris, William Lacey (direction)
Laurent Pelly (mise en scène)


(© Elisabeth Carecchio)


Le Roi malgré lui (1887) n’est pas une opérette comme les autres, elle tient une place majeure dans l’histoire de la musique française et Francis Poulenc résume très bien la situation : «L’orchestration du Roi malgré lui a influencé Debussy et Ravel. Il faut se reporter au climat instrumental de l’époque. A juste titre, Saint-Saëns détenait la palme de l’orchestration parfaite. Parfaite, certes, mais toute de convention. Chabrier, au contraire, prend pour sa palette les tons les plus opposés et les mélange avec une allégresse inouïe». Ceci dit, il ne faut pas oublier Offenbach qui savait aussi dynamiter l’orchestre, mais la partition de Chabrier déploie une prodigieuse richesse d’écriture et une inventivité foisonnante, pour la voix comme pour l’orchestre.

Et quel plaisir de l’entendre si bien jouée ! Il y a un fauve dans la fosse, c’est l’Orchestre de Paris dont la culture symphonique renvoie très loin les formations de second rang et celles «sur instruments d’époque» aux cordes anémiques et dont les cors ne peuvent pas aligner trois notes sans faire un canard. Bravo au jeune chef anglais William Lacey (un nom à retenir) qui maintient une tension constante au cours des deux heures et demi de cette folle musique. L’orchestre, en grande forme donc, aurait pu couvrir les voix, mais les gosiers ont de la ressource : la distribution réunit parmi la fine fleur du chant français avec Magali Léger, Franck Leguérinel, Jean-Sébastien Bou, Sophie Marin-Degor, d’excellents chanteurs que l’on aimerait voir plus souvent à Paris. Gordon Gietz et Nabil Suliman complètent avec talent un plateau sans reproche.

Toujours expert dans l’art de rendre vivant chaque moment du livret tout en jouant du second degré, Laurent Pelly (citons son formidable Platée qui sera repris la saison prochaine à Garnier) livre un travail remarquable où l’intervention de machinistes toujours un peu en retard rajoute au comique des situations. Venue de l’Opéra de Lyon, cette production est à l’affiche jusqu’au 5 mai, ne la manquez pas !

Laissons le dernier mot à Emmanuel Chabrier, dans une correspondance (reprise dans le programme) : «J’aurai une valse, genre autrichien, au commencement du 2e acte, qui est tellement lubrique que l’on fera des enfants dans la salle et sur la scène en l’écoutant ; les vieillards n’auront plus besoin de plumes de paon dans leur derrière ; les jeunes filles, les yeux retournés, pousseront de petits cris ; il faudra attacher Charcot à l’établissement.»



Philippe Herlin

 

 

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