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Le maître et l’élève

Paris
Conservatoire à rayonnement régional
04/14/2009 -  
Jacques Offenbach : Suite pour deux violoncelles n° 1, opus 54 n° 1
David Popper : Wie einst in schöner’n Tagen, opus 64 n° 1 – Serenade (extrait de «Spanische Tänze»), opus 54 n° 2 – Deux Etudes de concert, opus 55 – Gnomentanz (extrait de «Im Walde»), opus 50 n° 2 – Fantasie über Klein-Russiche Lieder, opus 43 (transcriptions Yuri Shishkin)

Raphaël Pidoux, Bruno Philippe (violoncelle), Elodie Soulard (accordéon)


Bruno Philippe et Raphaël Pidoux
(© Fanny Moulin/Festival mille et une notes)



«Le maître et l’élève», c’est le nom du projet qui associe le festival «Mille et une notes en Limousin» et Intégral Classic, selon un principe simple: un artiste célèbre «prête» sa notoriété à un jeune musicien. Ils réalisent ensemble un disque puis se produisent en concert ainsi que lors de la tournée accompagnant la sortie de cet enregistrement. En 2009, dans le cadre de la trente-septième édition du festival, Raphaël Pidoux sera «le maître», et Bruno Philippe, l’un de ses étudiants au Conservatoire à rayonnement régional (ex-CNR) de Paris, «l’élève»: c’est précisément l’auditorium Marcel Landowski de la rue de Madrid qui accueillait un aperçu du programme de leur disque, à paraître à l’automne prochain, et de leur concert du 7 août en l’église de Jourgnac (Haute-Vienne).


Avant de triompher sur les planches, Offenbach fut un violoncelliste virtuose, ce dont témoigne son Concerto militaire: exactement contemporains, ses six livres de Duos (1847) pour deux violoncelles annoncent, par leur approche pédagogique et progressive, la démarche des Duos pour deux violons de Bartók. Issue du dernier livre, la Première suite (en sol mineur) n’annonce guère le style de celui qui amusera le Second Empire puis la Troisième République: pas exclusivement brillants, même si le Rondo final met en valeur l’agilité des protagonistes, qui dialoguent selon une stricte parité, les trois mouvements comprennent même un bref Adagio religioso central – une indication assez inattendue de la part du compositeur d’Orphée aux Enfers. Le violoncelliste du Trio Wanderer retrouve ici, près de trente ans plus tard, la voie tracée par son père, Roland Pidoux, qui avait enregistré cette musique avec Etienne Péclard chez Harmonia mundi. A ses côtés, le jeune Bruno Philippe, qui rejoindra le Conservatoire national supérieur de musique de Paris (CNSMDP) dès la rentrée prochaine, le cède certes en justesse et en sonorité, mais il fait déjà preuve, à quinze ans, d’une belle personnalité.


Le Tchèque David Popper (1843-1913) fut une sorte de Sarasate du violoncelle, laissant une multitude de pièces de genre ou de virtuosité dont quelques-unes font encore aujourd’hui la joie des instrumentistes. Mais plutôt que de se contenter de la célèbre Rhapsodie hongroise, Raphaël Pidoux a souhaité innover: il a sélectionné des pages plus rares, dont certaines ne sont pas même éditées, et, surtout, il a choisi d’être accompagné non pas au piano, mais par l’accordéoniste Elodie Soulard (née en 1986): élève au CNSMDP, elle travaille par ailleurs avec le Russe Yuri Shishkin (né en 1963), auteur des transcriptions de ces six pièces. Dans ces figures obligées de l’imaginaire du XIXe, comme un vieux livre d’images aux pages jaunies, l’accordéon ne paraît nullement incongru, même si la fusion des timbres avec le violoncelle ne convainc pas toujours et si un certain déséquilibre se fait parfois ressentir au détriment de ce dernier.


Cela étant, l’accordéon confère une saveur renouvelée à ce répertoire, notamment lorsqu’il puise son inspiration dans la veine populaire: «Comme autrefois en des jours meilleurs», première des Trois pièces de l’Opus 64 (1892), écrite par Popper à la mémoire de ses parents, et, davantage encore, la Fantaisie sur des chants ukrainiens gagnent une saveur «tzigane», voire klezmer, tout à fait bienvenue. «Avec un peu d’Espagne autour», comme il se doit, grâce à la «Sérénade» extraite des cinq Danses espagnoles (1887): une petite rhapsodie ibérique de caractère mélancolique, immédiatement identifiable par ses rythmes, harmonies et tournures mélodiques. L’accordéon n’apporte en revanche pas beaucoup aux Deux Etudes de concert de l’Opus 55, plus centrées sur les difficultés propres au violoncelle: infernal «Chant de la fileuse», évoquant moins la grâce de celle de Mendelssohn que l’agaçant bourdon de Rimski, et «La Chasse», qui se colore de teintes fantastiques. Tout aussi inquiétante apparaît la «Danse des gnomes», deuxième des six numéros du recueil intitulé Dans la forêt (1882). Raphaël Pidoux possède bien davantage que la technique requise pour aborder ces morceaux redoutables: une sûreté de goût qui n’est jamais prise en défaut.


Le site de Mille et une notes en Limousin
Le site d’Intégral Classic



Simon Corley

 

 

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