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Une Iphigénie transcendée par Mireille Delunsch

Paris
Poissy, Théâtre
03/26/1999 -  
Christoph Willibald Gluck : Iphigénie en Tauride
ireille Delunsch (Iphigénie), Laurent Naouri (Oreste), Yann Beuron (Pylade), Stephen Gadd (Thoas), Alexia Cousin (Diane)
Les Musiciens du Louvre, Choeur des Musiciens du Louvre, Marc Minkowski (direction)

Dès ses débuts, Marc Minkowski était sensible à ce qui prenait, dans la musique, un relief d’action. C’est cette attention à l’événement, au drame, et à son déroulement discursif qui l’a naturellement entraîné à exceller dans le genre de l’opéra. Il aborda les chefs d’oeuvre de Rameau, Lully, Haendel, puis depuis quelques années, Boïeldieu, Mozart, Rossini, Massenet, et Gluck évidemment, dont il fait ressortir le caractère propre. En effet, c’est bien cela qui semble faire courir le jeune chef : capter la singularité de chaque oeuvre, plus que sa spécificité (qui n’en ferait que l’épigone d’un genre). Cette singularité permet à Marc Minkowski de prêter attention à chaque accent, chaque souffle de la partition. Il fait sentir l’événement à fleur de peau. Chaque fois on le suit, et il nous mène loin. L’intrigue théâtrale avance, mais sans laisser derrière la musique. Les flottements de l’âme grecque, ici entre parricide, superstition, amour et aveuglement donnent lieu à l’expression lyrique intense sans jamais être débridée de Mireille Delunsch, formidable Iphigénie. Elle colore sans trop ouvrir ou fermer le timbre chaleureux qui la caractérise, ici accompagné par un plateau homogène et en bonne forme. Laurent Naouri semble trouver de nouvelles couleurs à côté d’un timbre qui tendait à devenir passe-partout et monolithique. Les vents racés et l’orchestre fourni, accompagnés des choeurs particulièrement excellents contribuaient au succès, désormais habituel, des Musiciens du Louvre. Le chant est autant présent à même l’orchestre que dans les parties vocales. Par moments, les instruments se font plus éloquents que la voix. La poésie n’est plus distillée par le seul texte : un autre texte, basé sur la psychologie et pas uniquement les mots, forme la texture orchestrale.

Sous la direction de Marc Minkowski, le discours dramatique n’est jamais interrompu par un découpage arbitraire. Chaque concert le confirme désormais : le chef français est à la hauteur des plus grands artistes du moment. Rendez-vous pour un autre grand moment, trop rare apparition des Musiciens du Louvre à Paris : le Platée de Rameau à l’Opéra Garnier.



Frédéric Gabriel

 

 

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