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Victoires Paris Salle Pleyel 03/14/2009 - et 7 (Provins), 11 (Chaville), 12 (Courbevoie), 13 (Montereau), 15 (Meaux) mars 2009 Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18
Serge Prokofiev : Symphonie n° 5, opus 100
Jean-Philippe Collard (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Takuo Yuasa (direction)
Takuo Yuasa
Sous le titre «Guerre et paix», l’Orchestre national d’Ile-de-France donne à six reprises en neuf jours dans toute la région un programme associant un concerto et une symphonie de deux grands pianistes-compositeurs russes, auquel il aura simplement manqué une ouverture pour former ainsi le traditionnel triptyque – la durée du concert l’aurait amplement autorisé. Et Tolstoï dans tout ça? Pas nécessairement inspirées par Arès ou même par Clio, les deux œuvres témoignent l’une comme l’autre de victoires.
Victoire de Rachmaninov sur les doutes et la dépression, après l’échec de sa Première symphonie, dans le Deuxième concerto pour piano (1901). Dès la fameuse entrée du piano, Jean-Philippe Collard fait preuve de son élégance coutumière, sachant se garder de tout débordement inconvenant ou impudique: un style qui ne va cependant pas jusqu’à l’intimidante intransigeance du compositeur lui-même, évoquant davantage, avec finesse et élan, une sorte de Sixième concerto de Saint-Saëns. Pour autant, la puissance ne fait pas défaut, le piano dominant sans peine l’orchestre, parfois sans doute même excessivement. Toujours très apprécié du public, Collard ne lui concède cependant pas de bis.
Victoire des Alliés, en ce mois de janvier 1945, lorsque Prokofiev dirige à Moscou la création de sa Cinquième symphonie (1944). D’une cohésion exemplaire, l’orchestre y confirme le statut qu’il a conquis durant les dernières années, livrant, sous la direction éclairée et sûre de Takuo Yuasa, une interprétation de haute tenue, où tout semble respirer naturellement et se mettre en place comme sans effort. Dans un tempo véritablement Andante, le premier mouvement renonce au grandiose mais sans être néanmoins chiche de puissance épique, suivi d’un Allegro marcato toujours mobile, tour à tour ironique, mordant et rageur. Après un Adagio juste de ton, d’une remarquable qualité d’expression et de phrasé, la tension ne retombe pas un seul instant dans l’Allegro giocoso final. Fidèle à sa mission, la formation francilienne continue ainsi de porter avec une réjouissante exigence la musique jusqu’aux confins de la région.
Simon Corley
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