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La carte américaine

Paris
Salle Pleyel
02/06/2009 -  
Béla Bartók : Deux images, opus 10, sz. 46 – Concerto pour orchestre, sz. 116
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 1, opus 15

François-Frédéric Guy (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Philippe Jordan (direction)


Philippe Jordan (© J. Ifkovits)


Le public parisien apprend à mieux connaître les chefs qui feront la vie musicale de la capitale dans les prochaines années: au lendemain de Paavo Järvi, directeur musical de l’Orchestre de Paris à compter de septembre 2010 (voir ici), c’est le tour de Philippe Jordan, qui, un mois avant de fêter ses trente-cinq ans, prendra en septembre prochain les fonctions de directeur musical de l’Opéra national de Paris, où il a été appelé par le futur directeur, Nicolas Joël. Mais c’est à la tête de l’Orchestre philharmonique de Radio France qu’il entreprend, jusqu’au 4 juin 2010, un cycle Beethoven/Bartók, alors que l’Orchestre national de France, de son côté, présente cette saison un cycle Brahms/Bartók (voir ici, ici et ici). Au sein même de Radio France, la coordination n’a cependant pas fait défaut, puisque les doublons seront évités, du moins au sein d’une même saison, le National s’intéressant pour l’essentiel aux concertos de Bartók, tandis que le Philhar’ se concentrera sur ses pages symphoniques et scéniques.


Ces cinq soirées à Pleyel permettront à François-Frédéric Guy d’interpréter l’intégrale des Concertos pour piano de Beethoven, qu’il vient d’enregistrer chez Naïve (dernier volume à paraître en mai prochain). Dans le Premier concerto (1798), alors que le résultat avait paru probant au disque (voir ici), il ne soulève pas l’enthousiasme au concert, de même que dans le Quatrième concerto voici un peu plus d’un an (voir ici). Mais peut-être cette approche de haute tenue, sans fioritures, et la perfection de ce piano altier et techniquement impeccable, à la sonorité soignée et à la puissance maîtrisée, où rien ne semble concédé au hasard, conviennent-elles mieux au studio qu’à la scène. En bis, l’Adagio sostenuto initial de la Quatorzième sonate «Clair de lune» (1801), joué recto tono, confirme cette impression. Le sentiment est d’autant plus mitigé que l’accompagnement, pour attentif et chambriste qu’il soit, ne cadre pas toujours avec le jeu du soliste: quarante cordes, trompettes à palettes, petites timbales à l’ancienne, tempi allants, comme bon nombre de chefs de notre temps, Philippe Jordan recherche une certaine «authenticité», mais trouve avant tout une articulation raide. D’une belle vigueur, sa direction souffre d’un trop grand souci du détail, avec une manière de fignoler jusqu’au moindre pizzicato semblant excessivement artificielle.


Pour ce qui est de Bartók, les cinq concerts seront consacrés, pour l’essentiel, à ses grandes œuvres scéniques (ses deux ballets Le Prince de bois et Le Mandarin merveilleux, ainsi que son unique opéra Le Château de Barbe-Bleue). Mais ce premier programme débutait par une relative rareté, les Deux images (1910), où se catalysent les influences de Debussy – l’année même de ses propres Images pour orchestre –, de R. Strauss et de l’idiome national: c’est dire la séduction de cette musique, notamment dans «En pleine fleur», bien mise en valeur par Philippe Jordan, qui déploie ensuite toute l’énergie requise par la «Danse villageoise».


Pas si éloigné stylistiquement, en ce qu’il se refuse aux audaces des années 1920 et 1930, le Concerto pour orchestre (1943) pâtit pourtant d’une baguette impérieuse mais ne parvenant pas à soutenir constamment l’intérêt. Jouer à fond la carte «américaine» et «romantique» procure des moments indéniablement plaisants, comme un Finale brillant, mais un tel choix n’est pas nécessairement celui qui rend le mieux justice à la partition: exagération des effets, perte de la ligne directrice et forme moyenne de l’orchestre conduisent à espérer que les prochaines étapes de ce cycle offriront davantage de satisfactions.


Le site de François-Frédéric Guy



Simon Corley

 

 

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