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Bychkov au sommet

Paris
Opéra Bastille
01/16/2009 -  
Richard Strauss : Métamorphoses
Dimitri Chostakovitch : Symphonie n° 7 « Leningrad », opus 60

Orchestre de l’Opéra national de Paris, Semyon Bychkov (direction)


Semyon Bychkov (© Cosimo Mirco Magliocca/Opéra national de Paris)


Est-ce la défection de Ben Heppner qui devait chanter des Lieder de Strauss ? L’abondance de l’offre musicale à Paris ? Semyon Bychkov, en tout cas, n’a pas rempli la salle de Bastille, ce qui est fort dommage. Il a d’abord donné des Métamorphoses de Strauss une interprétation remarquable de profondeur, de clarté et de sobriété. Pas d’expressionnisme qui tirerait l’œuvre vers La Nuit transfigurée de Schoenberg : le chef en propose plutôt une lecture apollinienne, exempte de noirceur ; il jette sur la partition le regard du vieux compositeur dépassé par l’écroulement de son univers et lui adressant un dernier adieu. Des superbes vingt-trois solistes de l’orchestre Semyon Bychkov obtient une pâte homogène et fluide, démêlant avec finesse l’écheveau polyphonique ; le chef d’opéra conserve aux phrasés leur souplesse toute vocale, sans jamais sacrifier la forme à l’expression.
La Septième Symphonie de Chostakovitch est de la même eau : familier d’un compositeur qui l’inspire depuis longtemps, Semyon Bychkov y évite le pompiérisme bruyant et la maîtrise de bout en bout, avec un travail très approfondi sur les nuances de la partition, sur les enchaînements des différentes sections, ce qui en éclaire la structure et évite le décousu. Et l’orchestre, tous pupitres confondus, se hisse à un niveau d’exception. Rien de massif dans l’attaque de l’Allegretto initial, où le crescendo de la fameuse marche, au thème aussi obstinément répété que celui du Boléro de Ravel, est magnifiquement dosé à partir d’un vrai pianissimo et reste d’une grande clarté dans l’impressionnant climax. Plutôt doux-amer, le Moderato n’abuse pas du pathos, tandis que la transition entre l’Adagio désolé, traversé d’un Moderato risoluto mahlérien impeccablement scandé, et l’Allegro non troppo final témoigne d’un sens subtil de la progression là où beaucoup se hâtent trop vite. De même la fin sonne dans toute la puissance de son do majeur sans sombrer dans la lourdeur des défilés du Premier mai soviétique. La Symphonie Leningrad, en effet, est une des plus hollywoodiennes de Chostakovitch : Semyon Bychkov y privilégie le lyrisme authentique par rapport à l’épopée de convention, en gomme le pittoresque pour en faire plutôt une sorte d’itinéraire intérieur, justifiant la suppression du programme par un compositeur conscient sans doute de tout le parti que ne manquerait pas d’en tirer la propagande – l’œuvre reçut d’ailleurs le prix Staline au moment de sa création. On a connu parfois Bychkov superficiel, décousu : deux mois après Tristan, il a confirmé à Bastille qu’il pouvait aussi se révéler un grand chef, légitimement salué comme tel par les applaudissements de l’orchestre.



Didier van Moere

 

 

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