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La Nouvelle Athènes du piano Paris Fondation Dosne-Thiers 01/10/2009 - Johann Sebastian Bach : Choral «Ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ», BWV 639 (arrangement Wilhelm Kempff) – Adagio extrait de «Toccata, Adagio et Fugue», BWV 564 – Chacone de la Partita pour violon n° 2, BWV 1004 n° 5 (arrangements Ferruccio Busoni) – Sicilienne de la Sonate pour flûte et clavier, BWV 1031 n° 2 (arrangement Wilhelm Kempff)
César Franck : Prélude, Fugue et Variation, opus 18
Heitor Villa-Lobos : Aria (extrait des Bachianas brasileiras n° 4)
Claude Debussy : Pour le piano David Bismuth (piano)
D. Bismuth (© Christophe Peus)
Pour sa douzième saison, «Autour du piano», dont la programmation est toujours dirigée par Hervé Archambeau, organise des concerts dans différents lieux de la capitale. Certains sont familiers des mélomanes – Salle Gaveau, Théâtre des Champs-Elysées (Aldo Ciccolini le 31 mars), Salle Cortot, où Jörg Demus, Jean-Philippe Lafont et Janine Reiss donneront des cours d’interprétation – mais d’autres sont nettement plus originaux. De janvier à mars, quatre soirées exceptionnelles se tiendront ainsi au Musée Jacquemart-André, notamment avec France Clidat et Paul Badura-Skoda, et, le week-end, l’Hôtel Dosne-Thiers accueille récitals et musique de chambre. Située au cœur de cette «Nouvelle Athènes» chère aux romantiques, à commencer par Chopin et Liszt, la demeure, reconstruite en 1873 après son incendie durant la Commune, fut celle de la famille Thiers et, désormais sous la responsabilité de l’Institut de France, abrite un important fonds d’ouvrages consacré à l’histoire française du XIXe siècle.
En ce samedi après-midi, le grand salon du premier étage présente David Bismuth (né en 1975) dans un programme original dont l’essentiel correspond à celui d’un disque à paraître prochainement chez Ameson: intitulé «Johann Sebastian B.A.C.H.ianas et transcriptions», il fait alterner pages de Bach arrangées pour piano et partitions qui avouent plus ou moins explicitement leur dette au Cantor.
Du côté des arrangeurs, le jeune pianiste a choisi Wilhelm Kempff, avec le choral Ich ruf zu Dir, Herr Jesu Christ et la Sicilienne de la Sonate pour flûte BWV 1031, et Ferruccio Busoni avec le volet central du triptyque Toccata, Adagio et Fugue BWV 564 et, surtout, la Chaconne de la Deuxième partita. Il joue le jeu de l’emphase romantique, avec rubato et fluctuations de tempo, et possède les redoutables moyens techniques exigés par la Chaconne. La sonorité paraît cependant parfois dure et l’éventail de nuances dynamiques un peu limité, mais peut-être faut-il incriminer un Yamaha aux graves par ailleurs un peu sourds.
Du côté des héritiers, c’est d’abord Franck, avec Prélude, Fugue et Variation (1862): originellement destiné à l’orgue, le triptyque n’en apparaît ici que davantage comme une préfiguration de l’immense Prélude, Choral et Fugue pour piano. Parmi les Bachianas brasileiras de Villa-Lobos, alliance inattendue de Bach et du sentiment national, les Quatrièmes (1936) furent d’abord écrites pour piano avant d’être orchestrées: troisième des quatre mouvements, l’Aria résonne comme un hommage explicite. Au-delà de Bach, Pour le piano (1901) illustre dans l’intérêt de Debussy pour la musique ancienne, qui trouvera son aboutissement dans les ultimes Sonates: qu’à cela ne tienne, c’est l’occasion d’en entendre une interprétation mordante, énergique et puissante.
David Bismuth prend congé avec deux autres arrangements, celui du Prélude extrait du Prélude et Fugue en la mineur BWV 543 pour orgue par Liszt puis celui du Prélude en si mineur BWV 855a extrait du Klavierbüchlein für Wilhelm Friedemann Bach par Alexandre Siloti, mais le public parisien pourra le retrouver dès le 12 février au Châtelet dans le Concerto pour trois pianos de Mozart avec Bertrand Chamayou et Edna Stern.
Simon Corley
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