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Jeux

Paris
Salle Pleyel
01/07/2009 -  
Igor Stravinski : Divertimento du «Baiser de la fée» – Jeu de cartes
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 2, opus 16
Claude Debussy : Jeux

Kun-Woo Paik (piano)
Orchestre de Paris, Ilan Volkov (direction)


Kun-Woo Paik (© Sei-Hon Cho)



A l’automne 2006, Ilan Volkov, alors tout juste trentenaire, avait fait ses débuts à l’Orchestre de Paris en remplaçant Esa-Pekka Salonen pour trois concerts. Invité cette fois-ci à part entière, le directeur musical de l’Orchestre symphonique de la BBC écossaise a convaincu en donnant un programme aussi original que difficile, dans lequel les musiciens ont également fort bien tiré leur épingle du jeu.


Et, à des titres divers, c’est bien de jeux qu’il s’agissait dans les quatre œuvres de cette soirée, à commencer par le Divertimento (1934) extrait par Stravinski de son ballet Le Baiser de la fée (1928), «inspiré par la Muse de Tchaïkovski». De fait, comme avec Pergolèse et ses contemporains dans Pulcinella quelques années plus tôt, Stravinski s’approprie diverses pièces de son compatriote pour écrire une partition de grande dimension, dont ce Divertimento tient lieu de suite. Tour à tour savoureux et léger, tendre et mordant, le chef israélien colore finement chaque épisode. De même, en début de seconde partie, dans Jeu de cartes (1936), dont la parenté avec Le Baiser de la fée est ainsi mise en valeur même si les emprunts à d’autres compositeurs y sont nettement plus furtifs, Volkov n’en rajoute pas mais ne se contente pas pour autant d’une sèche abstraction néoclassique, conservant la distanciation inhérente à cette musique tout en faisant briller l’orchestre avec une gourmandise pince-sans-rire.


Pourtant souvent tenu pour l’aboutissement de Debussy dans le domaine symphonique, Jeux (1913) demeure nettement plus rare que La Mer. Mais il est vrai que ce «poème dansé» requiert de délicats équilibres, entre action et abstraction, continuité et éparpillement, expression et ironie. Il est bien évidemment des interprétations plus grisantes ou radicales de cette page visionnaire, mais il faudra au moins savoir gré à Volkov d’en avoir assuré une réalisation instrumentale tout à fait réussie.


Au milieu de ces trois ballets d’esprit ludique, de divertissement en jeux divers, le Deuxième concerto pour piano (1913/1923) de Prokofiev, malgré son appartenance à la même époque, son redoutable jeu... de mains et le fait que Diaghilev ait songé à l’utiliser pour un ballet, avant de commander finalement Ala et Lolly (autrement dit la Suite scythe), faisait un peu figure d’intrus. Mais qu’à cela ne tienne, puisqu’il offrait l’occasion d’entendre Kun-Woo Paik, l’un des grands spécialistes de ce répertoire, auquel il revient alors qu’il a achevé tout récemment une intégrale des Sonates de Beethoven pour Decca. C’est avec plaisir qu’on retrouve les qualités bien connues du pianiste coréen: aisance technique, puissance dépourvue de brutalité et hauteur de vue. Sans jouer exclusivement la carte payante mais un peu facile du manifeste futuriste ou du cauchemar halluciné, il déploie un style à la fois profond et rigoureux, qui ne s’interdit pas de souligner le caractère lyrique du propos, voire sa filiation avec Rachmaninov, notamment dans le premier thème de l’Andantino initial ou dans le second thème de l’Allegro tempestoso final. Bref, une approche soigneusement construite et pensée, subtile et variée plutôt que tout d’une pièce, rendant justice aux différentes facettes de ce concerto: captivante de bout en bout, c’est sans doute dans les deux mouvements centraux qu’elle se révèle le plus en phase avec la direction de Volkov, objective et méticuleuse, faisant ressortir des détails généralement occultés.


Le site de Kun-Woo Paik



Simon Corley

 

 

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