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Zampa revient toujours deux fois

Paris
Opéra-Comique
12/21/2008 -  & 23, 26 décembre 2008
Ferdinand Hérold: Zampa
Richard Troxell (Zampa), Jaël Azzaretti (Camille), Colin Lee (Alphonse), Léonard Pezzino (Daniel), Doris Lamprecht (Ritta), Vincent Ordonneau (Dandolo), Luc Tremblais, Laurent Delvert (comédiens)
Chœur et Orchestre des Arts florissants, William Christie (direction)
Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff (mise en scène)


(© Pierre Grosbois)


Zampa, fleuron de l’opéra-comique français, valait la peine d’être repris une seconde fois, même si la production laisse toujours aussi sceptique. Cette histoire de pirate d’origine illustre, impénitent séducteur, châtié, tel Don Juan, par la statue d’une de ses victimes, a pourtant de quoi inspirer, tant elle s’inscrit à la fois dans l’éternité du mythe et dans l’histoire de l’opéra-comique français. Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff s’en tiennent à une lecture artisanale, dans un décor et des costumes joliment colorés rappelant les reconstitutions chères à la fin du XIXe siècle. C’est naïf, pas toujours très subtil, parfois à la limite du niais, avec une Ritta caricaturale… et, à travers ce moine tonsuré et ce corsaire agité, l’éternel numéro des Deschiens qu’on voudrait bien ne plus revoir dans chacune de leurs productions. Bref, on pourrait rêver plus heureuse adéquation avec la musique si fine d’Hérold, qui pétille souvent comme du Rossini – il officia au Théâtre Italien comme chef de chant –, lorgne vers Boïeldieu et ne dédaigne pas les fastes du grand opéra.


Musicalement, l’impression reste aussi mitigée. On aurait dû remplacer le malheureux Richard Troxell, dépassé par ce rôle de baryténor à la tessiture très longue : registres dessoudés, timbre nasal, style débraillé, incapacité à phraser, nous voilà à l’opposé de ce qu’il faut, malgré telle ou telle messa di voce correctement négociée dans l’aigu. Sans faire oublier Bernard Richter, Colin Lee, remarqué en Léopold dans La Juive à Bastille, se trouve beaucoup plus en situation, malgré quelques raideurs dans l’aigu et une émission qu’on aimerait parfois plus souple : le chanteur sud-africain chante en vrai ténor d’opéra-comique, soigne sa ligne, avec, au troisième acte, une Barcarolle en mezza voce qui fera vite oublier la Cavatine de Zampa. Jaël Azzaretti n’a rien à envier à Patricia Petibon, dont la Camille avait d’ailleurs agréablement surpris : voix fraîche et fruitée, articulation irréprochable, maîtrise du style français, charme d’une composition sans mièvrerie. Le couple comique Ritta-Daniel est malheureusement déséquilibré par une Doris Lamprecht pétulante mais acide, qui massacre allègrement les vocalises rossiniennes du Trio bouffe du deuxième acte.


On se demande enfin pourquoi William Christie, à qui ce Zampa tenait tant à coeur, malmène avec autant de sécheresse et de brutalité la musique d’Hérold ; les timbales sont ici dignes du Cirque olympique des Franconi, une des attractions du Paris de l’époque, qu’on croirait aujourd’hui sonorisées comme au Châtelet. Les Arts florissants se fourvoient et l’on tombe de haut après Didon et Enée. Le chœur, en revanche, s’avère remarquable, notamment pour l’articulation. Attendons maintenant Fra Diavolo d’Auber, autre occasion de se réjouir que l’Opéra-Comique, avec des bonheurs divers on le voit, renoue enfin avec sa propre histoire.



Didier van Moere

 

 

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