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Richard et Mathilde

Zurich
Opernhaus
12/10/2008 -  et les 14, 18, 21* décembre 2008, 6, 10, 14 et 18 janvier 2009
Richard Wagner: Tristan und Isolde

Nina Stemme (Isolde), Michelle Breedt (Brangäne), Ian Storey (Tristan), Alfred Muff*/Matti Salminen (König Marke), Martin Gantner (Kurwenal), Volker Vogel (Melot), Martin Zysset (Hirt), Marcell Bakonyi (Steuermann), Javier Camarena (Stimme des Seemanns)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus de Zurich, Ingo Metzmacher (diretion musicale)
Claus Guth (mise en scène), Christian Schmidt (décors et costumes), Jürgen Hoffmann (lumières), Volker Michl (chorégraphie)


(© Suzanne Schwiertz)


C’est à Zurich que Wagner a écrit l’intégralité du livret de Tristan et composé le 1er acte de la partition. C’est aussi dans la métropole helvétique que le maître de Bayreuth a rencontré Mathilde Wesendonck. L’histoire d’amour entre le compositeur et l’épouse de son mécène est à la base de la mise en scène de Claus Guth. Pas de mer donc, ni de bateau et encore moins de châteaux sur des îles lointaines, remplacés ici par les différentes pièces (chambre à coucher, antichambre, véranda et salle à manger) de ce qui pourrait bien être la villa Wesendonck à Zurich. Une bâtisse qui tombe en ruines au dernier acte, comme pour souligner la fin tragique de l’idylle. Brangäne est la sœur jumelle d’Isolde, arborant les mêmes vêtements et déployant les mêmes gestes; les deux femmes représentent la double personnalité de Mathilde: l’émotionnelle (Isolde) qui s’éprend de Tristan/Wagner, et la rationnelle (Brangäne), attirée par le Roi Marke/Otto Wesendonck. Et à la fin de l’œuvre, alors qu’Isolde meurt avec Tristan, Brangäne s’en va main dans la main avec le Roi. On l’aura compris, Claus Guth raconte avec beaucoup de pertinence et de sensibilité une histoire de passions inassouvies, contrariées par la pression de la société, une société qui ne veut rien voir (tout simplement magnifique la scène où Tristan et Isolde se cherchent du regard et se touchent au milieu de figurants figés comme des statues). Si, au premier abord en tout cas, le parti pris peut intriguer, voire agacer (le rideau s’ouvre sur la chambre à coucher d’Isolde, l’héroïne couchée dans son lit et Brangäne debout à la fenêtre, alors qu’un matelot invisible du public parle de vent, de voiles et de points cardinaux), il convient de reconnaître la force et l’intelligence du propos, cohérent de bout en bout, ainsi que le formidable travail de direction d’acteurs entrepris avec tous les solistes. Une réussite éclatante, qui atteint les mêmes sommets d’émotion et d’intensité que les récentes productions d’Olivier Py à Genève, de Peter Sellars/Bill Viola à Paris ou encore de Patrice Chéreau à Milan.


La distribution vocale se hisse au même niveau, menée par l’Isolde superlative de Nina Stemme, dont le Liebestod incandescent donne les frissons. Sans pourtant jamais forcer, la soprano suédoise plane au-dessus de l’orchestre, avec sa voix lyrique aux couleurs sensuelles, aux aigus éclatants et à la diction parfaite. Une Isolde d’une extraordinaire intensité, à coup sûr la meilleure du moment. Michelle Breedt incarne une Brangäne qui ne lui cède en rien vocalement, alors que Ian Storey, en bien meilleure forme qu’à Milan l’année dernière, séduit par ses teintes barytonales et la solidité de ses aigus, malgré quelques problèmes d’intonation. Si le Marke d’Alfred Muff paraît quelque peu effacé, scéniquement et vocalement, on applaudit en revanche sans réserve la superbe prestation de Martin Gantner en Kurwenal. En raison des dimensions intimistes de l’Opernhaus, l’effectif orchestral est moins fourni que dans d’autres théâtres, ce qui permet, pour une fois, d’entendre les chanteurs de bout en bout de l’œuvre, Ingo Metzmacher ayant la délicatesse de ne jamais les couvrir. Le chef allemand sait en effet subtilement doser les impulsions dramatiques. Ce faisant, il offre aussi au public l’occasion de savourer des détails de la partition jamais entendus auparavant. Une production à découvrir toutes affaires cessantes!



Claudio Poloni

 

 

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