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Anthologie en forme de portrait

Paris
L’Archipel
12/21/2008 -  
Johann Sebastian Bach : Passacaille en ut mineur, BWV 582 (arrangement Emile Naoumoff)
Gabriel Fauré : «Libera me» et «In paradisum» extraits du Requiem, opus 48 (arrangement Emile Naoumoff) – Nocturne n° 7, opus 74
Gabriel Dupont : Après-midi de dimanche et Coquetteries (extraits des «Heures dolentes») – Mélancolie du bonheur (extrait de «La Maison dans les dunes»)
Johann Christian Bach : Sonate opus 5 n° 6, W A6, T. 339/6
Nadia Boulanger : Vers la vie nouvelle
Emile Naoumoff : Las Brisas (Fandango corrosif)

Emile Naoumoff (piano)


Emile Naoumoff


S’inscrivant dans la série de concerts qui se tiennent à L’Archipel pour fêter les dix ans de Saphir productions, Emile Naoumoff, qui a enregistré le premier album produit par Pierre Dyens sous cette étiquette, offre bien plus qu’une anthologie de sa discographie chez Saphir: un récital (sans entracte) remarquablement construit, aux enchaînement très soignés, esquissant le portrait de l’un de ceux qui, aux côtés de Stephen Hough ou Fazil Say, perpétue la tradition des pianistes-compositeurs.


Naoumoff ne rate pas l’occasion de saluer la mémoire de son professeur, Nadia Boulanger, dont les activités pédagogiques mais aussi le refus tenace de se mettre en avant ont grandement occulté l’œuvre du compositeur: Vers la vie nouvelle (1918) révèle un romantisme slave assez inattendu sous sa plume. Et qui dit Nadia Boulanger dit bien évidemment Fauré, dont elle fut la suppléante à la Madeleine dès l’âge de seize ans. Naoumoff s’est lancé le défi d’arranger pour piano seul le Requiem (1891) et il y est parvenu, certes pas en imitant l’écriture pianistique habituelle de Fauré, mais de façon non moins convaincante: sous ses doigts, le «Libera me» pourrait faire penser à Brahms ou même à Verdi, tandis qu’«In paradisum» est riche en miroitements lisztiens. Quant au Septième nocturne (1898), il aura rarement paru aussi intimidant.


Mais le pianiste porte depuis longtemps un autre Gabriel dans son cœur, le trop rare Gabriel Dupont (1878-1914), dont il a choisi «Après-midi de dimanche» (particulièrement de circonstance en cette fin de week-end) et «Coquetteries» (dont le titre dissimule une puissante section centrale), cinquième et dixième des quatorze pièces du recueil Les Heures dolentes (1905), puis «Mélancolie du bonheur», cinquième des dix pièces du recueil La Maison dans les dunes (1910).


Autre grand oublié, Jean-Chrétien Bach, le «Bach de Londres», où il rencontra Mozart, lequel s’inspira de trois de ses six Sonates de l’Opus 5 (1766) pour écrire ses quatre premiers Concertos pour clavier: Naoumoff joue la dernière sonate du recueil, un Grave sévère et un énigmatique Allegretto conclusif en forme de gavotte encadrent, dans un ut mineur qui n’a rien à envier aux pages contemporaines de Haydn ou Carl Philipp Emanuel Bach, une fugue dans laquelle il est difficile de ne pas entendre un hommage au père. C’est d’ailleurs sur sa Passacaille en ut mineur (BWV 582) que le pianiste avait ouvert le concert, dans un style certes encore moins soucieux d’une éventuelle vérité historique et à cent lieues d’un Glenn Gould qu’il admire par ailleurs, mais mettant en valeur le coloriste aussi bien que l’architecte.


Naoumoff a composé un Tango sur BACH, mais il conclut sur Las Brisas, un autre hommage, cette fois-ci à Albéniz, mais dont le sous-titre («Fandango corrosif») ne dissimule pas le swing et l’ironie qui y prédominent, jusque dans ce rythme frappé avec la main sur le cadre du Fazioli. Le concert se conclut non pas par un bis, mais par une causerie au cours de laquelle l’interprète improvise une présentation rétrospective de son programme.



Simon Corley

 

 

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