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Un Don Carlo en demi-teinte

Milano
Teatro alla Scala
12/07/2008 -  et les 10, 12, 14, 16, 19*, 21 décembre 2008, 4, 8, 11 et 15 janvier 2009
Giuseppe Verdi: Don Carlo

Ferruccio Furlanetto*/Matti Salminen (Filippo II), Stuart Neill (Don Carlo), Dalibor Jenis/Thomas Johannes Mayer* (Rodrigo), Anatolij Kotscherga/Matti Salminen* (Il grande inquisitore), Diogenes Randes/Gabor Bretz/Petri Lindroos* (Un frate), Fiorenza Cedolins/Micaela Carosi* (Elisabetta di Valois), Dolora Zajick/Anna Smirnova* (La principessa d'Eboli), Carla Di Censo/Roberta Canzian* (Tebaldo), Cristiano Cremonini/Ki Hyun Kim* (Conte di Lerma), Carlo Bosi*/Ki Hyun Kim (Araldo reale), Irena Bespalovaite/Julia Borchert* (Voce dal cielo), Filippo Bettoschi, Davide Pelissero, Ernesto Panariello, Chae Jun Lim, Alessandro Spina, Luciano Montanaro (Deputati fiamminghi)
Chœur et Orchestre de la Scala de Milan, Daniele Gatti (direction musicale)
Stéphane Braunschweig (mise en scène et décors), Alexandre de Dardel (assistant aux décors), Thibault van Craenenbroeck (costumes), Marion Hewlett (lumières)


(© Teatro alla Scala)


Tout a déjà été dit, ou presque, sur le Don Carlo qui vient d’ouvrir la saison 2008-2009 de la Scala. En outre, la diffusion de la première sur Arte, en léger différé, aura permis à de nombreux mélomanes de se forger leur propre opinion, même si le petit écran n’offre qu’une vision réductrice. Quoi qu’il en soit, il n’y a plus qu’en Italie où l’inauguration d’une saison lyrique fait encore la une des médias et suscite autant de passions (on se souvient de «l’affaire Alagna» en 2006), au point qu’on a parfois l’impression que les artistes sont lâchés dans une arène où les spectateurs sont chauffés à blanc.


L’orage de la première passé, l’atmosphère se détend généralement pour les représentations suivantes. Alors qu’en est-il de ce Don Carlo, mérite-t-il vraiment les anathèmes lancés le 7 décembre et les bordées de sifflets entendues à la TV? Avouons-le d’emblée, cette production ne restera pas dans les annales de la Scala. Disons, pour faire court, qu’il s’agit d’un spectacle honnête, sans plus. La mise en scène de Stéphane Braunschweig, d’abord, ne convainc guère. Dans des décors minimalistes aux longues perspectives géométriques, les chanteurs sont livrés à eux-mêmes et n’ont d’autres ressources que de puiser dans les pires conventions du théâtre lyrique (bras en l’air notamment), qu’on croyait pourtant définitivement bannies aujourd’hui. Privilégiant les destins individuels plutôt que l’intrigue historique, le metteur en scène voit dans le drame de Schiller une introspection de la prime jeunesse, faisant doubler les personnages de Carlos, Posa et Elisabeth par des enfants. Mais une seule idée originale, si intéressante soit-elle, ne suffit pas à meubler toute une soirée. Une mention particulière est à décerner néanmoins à Thibault van Craenenbroeck pour ses splendides costumes et à Marion Hewlett pour ses lumières suggestives.


Dans la fosse, Daniele Gatti ne mérite certainement pas les huées qui l’ont accueilli le soir de la première. On dira qu’il a essuyé les plâtres du remplacement au pied levé du ténor prévu initialement (malgré tout, on ne peut s’empêcher de se demander comment un chef responsable peut ne se rendre compte qu’à la générale que le chanteur du rôle-titre ne tient pas la route). Le maestro soigne les détails et les nuances, colorant chaque note ou presque d’une teinte différente, au détriment cependant de la continuité dramatique. Cà et là, et notamment au dernier acte, il a aussi tendance à couvrir les chanteurs. Quant à la distribution vocale, si elle n’atteint pas des sommets, elle ne démérite pas cependant. Ferruccio Furlanetto en Philippe II offre le portrait le plus convaincant et émouvant de la soirée, en souverain las et lassé de tout. On attendait beaucoup de sa confrontation avec le Grand Inquisiteur de Matti Salminen, mais ce dernier a paru manquer cruellement de relief et de projection. Si le Posa de Thomas Johannes Mayer séduit par son art du legato, on n’en dira pas autant du Carlos de Stuart Neill, qui ne fait que vociférer tout au long de la soirée. On saura gré néanmoins au ténor américain d’avoir sauvé cette série de représentations, puisque, comme on le sait, le chanteur qui aurait dû assurer le rôle a été abruptement remercié. Micaela Carosi en Elisabeth de Valois confirme les espoirs suscités par un beau début de carrière, mais elle doit encore mûrir le rôle. Enfin, Anna Smirnova possède certes des moyens vocaux considérables, mais son chant manque de style et de raffinement. En fin de compte, une soirée tout à fait honorable, mais pas vraiment à la hauteur de ce qu’on peut attendre de la Scala, surtout dans le répertoire italien.



Claudio Poloni

 

 

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