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A l’américaine

Paris
Salle Pleyel
12/17/2008 -  et 18 décembre 2008
Richard Dubugnon : Concerto pour violon, opus 45 (création)
Gustav Mahler : Das klagende Lied

Janine Jansen (violon), Melanie Diener (soprano), Lilli Paasikivi (alto), Jon Villars (ténor), Sergeï Leiferkus (basse), Solistes du Tölzer Knabenchor
Chœur de l’Orchestre de Paris, Didier Bouture et Geoffroy Jourdain (chefs de chœur), Orchestre de Paris, Esa-Pekka Salonen (direction)


R. Dubugnon (© Marie-Sophie Leturcq)


Pour Richard Dubugnon (né en 1968), la saison 2008-2009 marque une étape importante, avec la création de deux de ses partitions récentes par les grands orchestres de la capitale: avant que le National ne donne la première du Songe Salinas (2004) le 14 mai prochain au Théâtre des Champs-Elysées avec la mezzo Nora Gubisch, c’est en effet l’Orchestre de Paris qui programme son Concerto pour violon (2008) avec ses deux dédicataires, Esa-Pekka Salonen et Janine Jansen. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, Henri Dutilleux a fait le déplacement pour découvrir cette commande de «Musique en nouvelle en liberté» et de la Ville de Paris.


En apparence, le compositeur franco-suisse se conforme aux usages traditionnels du concerto: trois mouvements selon le plan vif/lent/vif, le premier de forme sonate à trois thèmes (avec cadence peu avant la fin), le deuxième de tempérament lyrique, le dernier brillant comme il se doit. Mais leur structure interne réserve des surprises, tandis que les motifs se retrouvent d’un mouvement à l’autre, de telle sorte qu’un sentiment rhapsodique prédomine durant ces quarante-et-une minutes. Fidèle à un langage plus séduisant qu’audacieux ou provocateur, Dubugnon s’est plu à transposer des techniques cinématographiques (zoom, fondu enchaîné, fade in et fade out, slide show réaliste jusqu’à faire entendre le claquement sec lorsque l’appareil passe d’une diapositive à l’autre, ...) et à employer des rythmes actuels (house, funk, ...). De fait, si la luxuriance sonore des premières mesures rappelle Prokofiev ou, plus encore, Szymanowski, l’énergie décomplexée et la vitalité déployée évoquent souvent Bernstein. Même si elle ne parvient pas toujours à s’imposer sur l’accompagnement, la violoniste recueille l’unanimité des suffrages grâce une prestation d’une conviction et d’un engagement constants.


L’Orchestre de Paris consacre cette année un cycle aux lieder de Mahler. Contrairement à ce qu’indique son site, il n’a pas interprété Das klagende Lied (1880) qu’à une seule reprise dans son histoire (décembre 1979), car il l’a également joué en janvier 2004 à Mogador (voir ici). Il est vrai qu’il s’agissait alors de la version révisée de 1899, dont la principale différence tient à la suppression de la première (et la plus développée) des trois parties de l’œuvre. Salonen, comme Jaap van Zweden en janvier 2007 au National (voir ici), opte en revanche pour la version originale et respecte le souhait du compositeur de confier les «chants de la flûte» à des voix d’enfants, en l’espèce deux solistes du Chœur de garçons de Tölz. Le plus remarquable dans cette grosse heure de musique, c’est sans doute le constat qu’à vingt ans à peine, Mahler était Mahler: sa prédilection pour le monde fantastique et grinçant des contes populaires et son univers esthétique, du moins celui des deux premières Symphonies, des Chants d’un compagnon errant, du Cor merveilleux de l’enfant et même des Rückert-Lieder, dont certains climats, certains procédés (groupe instrumental en coulisse) et certaines tournures mélodiques, harmoniques ou rythmiques sont clairement annoncés dans ce «Chant de douleur».


Une distribution vocale exceptionnellement prestigieuse (Diener, Paasikivi, Villars et Leiferkus) est réunie pour tenter de jeter de ci de là quelques phrases dans la redoutable acoustique de Pleyel, mais s’illustrent avant tout le Chœur et l’Orchestre de Paris, galvanisés par la venue de Salonen, qui confirme comment une baguette d’excellence peut transformer une formation qui lui est confiée pour un seul programme: l’efficacité, l’éclat mais aussi la cohésion font ici penser aux meilleures phalanges américaines. Il est de pires compliments, même si l’interprétation proprement dite, de caractère plus lisse et spectaculaire que profondément mahlérien, peut sans doute prêter à discussion.


Le Finlandais sera à nouveau à l’affiche de Pleyel dès le 19 décembre, mais cette fois-ci en tant que compositeur, pour la première française de son Concerto pour piano, avec le Philharmonique de Radio France sous la direction de son jeune compatriote Mikko Franck et Yefim Bronfman en soliste.



Le site de Richard Dubugnon
Le site d’Esa-Pekka Salonen
Le site de Janine Jansen



Simon Corley

 

 

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