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Rusalka ne manque pas de liquidité à la Monnaie

Bruxelles
La Monnaie
12/05/2008 -  7*, 9, 10, 11, 13, 14, 16, 17, 19, 20 et 21 décembre 2008
Antonin Dvorák: Rusalka, opus 114
Olga Guryakova/Michaela Kaune* (Rusalka), Burkhard Fritz/Ludovit Ludha* (Le prince), Stephanie Friede/Anda-Louise Bogza* (La princesse étrangère), Willard White/Frode Olsen* (L’Esprit du lac), Doris Soffel/Livia Budai* (Jezibaba), Julian Hubbard (Le chasseur/Le prêtre), Olesya Golovneva (Première nymphe des bois), YoungHee Kim (Deuxième nymphe des bois), Nona Javakhidze (Troisième nymphe des bois), André Grégoire (Le boucher), Marc Coulon (Le policier)
Chœur et Orchestre symphonique de la Monnaie, Piers Maxim (chef des chœurs), Adam Fischer*/Richard Lewis (direction)
Stefan Herheim (mise en scène), Heike Scheele (décors), Gesine Völlm (costumes), Wolfgang Göbbel (éclairages), Wolfgang Willaschek (dramaturgie), fettFilm Berlin (vidéo)


Sa réputation l’avait précédé. L’Enlèvement au sérail sans Pacha Selim à Salzbourg et Parsifal à Bayreuth cet été, c’était lui. D’un côté, le scandale, un des plus mémorables, paraît-il, du festival autrichien, de l’autre, une lecture plutôt brillante, fouillée et cohérente. Qu’allait offrir Stefan Herheim, jeune metteur en scène norvégien, pour la première Rusalka de la Monnaie ? Ses débuts sur la scène bruxelloise confirment son côté aventureux, qualité si prisée par certains, rejetée par d’autres, et sa tendance à présenter sous un angle nouveau les piliers du répertoire.


Rusalka est ici une prostituée désireuse de fuir sa condition, mais incapable de s’en soustraire. L’ondine en fille de joie, une idée originale ? Toujours à Salzbourg, il y a quelques mois, Jossi Wieler et Sergio Morabito avaient transposé ce conte lyrique dans un bordel, spectacle par ailleurs médiocre (voir ici). A Bruxelles, les décors de Heike Scheele, ingénieux, somptueux et magnifiquement éclairés (Wolfgang Göbbel), inscrivent le récit dans un milieu urbain d’un surprenant réalisme. Toutefois, Stefan Herheim ne déleste pas le chef d’œuvre de Dvorák de ce qui fait son charme : l’onirisme, la féerie, l’imaginaire nocturne se mêlent à l’ordinaire des villes. Le dispositif scénique ne cesse d’émerveiller, tant par ses idées inattendues que par le tour de force qu’il représente – un rodage semble encore nécessaire, un incident technique dans le deuxième acte ayant conduit à une interruption de quelques minutes. Côté cour, une boutique se transforme au grès de l’action en sex shop, en magasin de robes de mariée et en boucherie ; côté jardin, un bar (tantôt le «Lunatic », tantôt le « Solaris ») faisant immanquablement penser à Nighthawks d’Edward Hopper, une bouche de métro, qui, elle aussi, se transforme en magasin de fleurs (« Jezibaba »), et une église. L’univers aquatique dans le troisième acte est joliment suggéré par la vidéo de Torge Moller et Momme Hinrichs (fettFilm Berlin) tandis que les jeux de miroir, procédé si souvent exploité au théâtre, élargissent les perspectives mais encombrent inutilement la fin du II. Pour le grotesque, l’irrévérence et la malice, des créatures insolites et des prostituées, (fausse) poitrine dénudée, et à la fin, déguisées en bonne sœur, s’invitent sur scène, au même titre que l’affiche de la production, pendant l’Hymne à la lune. Le metteur en scène, qui maîtrise ses idées jusqu’au bout, semble avoir plus d’un tour dans son sac, comme en témoigne une étonnante conclusion qu’on laissera aux futurs spectateurs le soin de découvrir.


Musicalement, les attentes ne sont pas totalement comblées. Aucune révélation fracassante dans la distribution, double pour les rôles principaux. Michaela Kaune semble par moments en difficulté et la ligne vocale manque de limpidité tandis que Ludovit Ludha dans le rôle du prince (en fait, un marin) chante sa partie honorablement mais sans charisme particulier. Frode Olsen et Livia Budai, deux habitués de la Monnaie, signent les plus belles incarnations, le premier dans un Esprit du lac touchant et très « Monsieur-tout-le-monde » (il saluera en pantoufles et pyjama), la seconde dans une Jezibaba sans domicile fixe. Anda-Louise Bogza (la princesse étrangère), Olesya Golovneva, YoungHee Kim et Nona Javakhidze (les nymphes de bois) offrent, quant à elles, de remarquables moments.


Première apparition dans la fosse de la Monnaie pour Adam Fischer : le chef hongrois, actuel directeur musical de l’Opéra de Budapest, ne ménage pas les voix, trop souvent couvertes par un Orchestre symphonique de la Monnaie dynamique et en bonne forme mais à la sonorité quelque peu trouble. Une prestation instrumentale plus fine, transparente et détaillée aurait mieux révélé toutes les beautés de cette partition. Un spectacle de fin d’année idéal mais probablement contre-indiqué pour nos charmantes têtes blondes.





Sébastien Foucart

 

 

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