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Vision magnifique

Paris
Palais Garnier
02/27/1999 -  et 1er, 4, 7, 12, 15, 18 mars 1999
Wolfgang Amadeus Mozart: La clemenza di Tito, K. 621
Deon van der Walt (Titus), Christine Goerke (Vitellia), Heidi Grant Murphy (Servilia), Susan Graham (Sextus), Paula Rasmussen (Annius), David Pittsinger (Publio)
Chœur et Orchestre de l’Opéra National de Paris, Ivor Bolton (direction musicale)
Willy Decker (mise en scène), John Macfarlane (décors et costumes)

Dès l’Ouverture, le rideau se lève sur un bloc de pierre recouvert d’un drap. Prélude à une inauguration : celle d’une masse de pierre destinée à être sculptée en buste de Titus. Figuration d’un pouvoir qui se construit tout en détruisant la pureté monolithique. Symbole d’une autorité qui ne peut s’établir sans heurt. Voilà toute l’aventure de Titus. Celle d’un empereur tiraillé entre les devoirs qu’imposent sa charge et les sentiments qui l’assaillent, son amour pour Bérénice, son amitié pour Annius et Sextus. Celui-là même qui est prêt au sacrifice et à la trahison pour s’attacher les faveurs de l’ambitieuse Vitellia. Apparemment simple, le livret de Métastase dépasse l’habituel et anecdotique épisode antique. Par delà cette histoire de loyauté, c’est toute la gamme des sentiments et des errements humains qui se trouve exposée au regard du spectateur attentif. En metteur en scène inspiré, Willy Decker stigmatise ces émotions et cet affolement des âmes par le jeu des attitudes et des regards. Pas d’agitation excessive. Juste quelques déplacements intelligemment orchestrés. L’action d’ailleurs se déroule dans un espace clos, une sorte d’arène qui marque les limites de la liberté et le commencement de l’emprisonnement. Pour parfaire cette vision magnifique, les décors, les toiles peintes et les somptueux costumes de John Macfarlane, écrins précieux de cette expérience de mortels, de cette initiation, préoccupation mozartienne récurrente.


Sur la scène une équipe de chanteurs convaincante. A leur tête, Susan Graham, superbe Sextus autant par l’incarnation que par les qualités techniques. La voix est chaleureuse, tantôt héroïque, tantôt blessée, toujours maîtresse des pièges de l’écriture du compositeur. Le jeu est naturel, inspiré, touchant, toujours juste et captivant. Malgré l’annonce d’une indisposition vocale, Christine Goerke impressionne par la richesse des moyens. Puissance, hargne et virtuosité servent à merveille un rôle difficile et magistralement dominé par la cantatrice dont l’agressivité sonore est relayée par les foudres d’une interprétation théâtrale irréprochable. Courbé par les souffrances qui s’abattent sur lui, le Titus de Deon van der Walt dévoile toutes ses failles, corroborées par les fragilités d’un timbre parfois raide et instable. Légèrement en deçà, Heidi Grant Murphy, Paula Rasmussen et David Pittsinger ne parviennent à masquer des insuffisances, soit musicales (le fameux " s’altro che lagrime " de Servilia manque singulièrement de corps et de coeur), et Publio ne projette qu’un timbre commun), soit dramatiques (Annius semble plutôt guindé et timoré). Au pupitre, Ivor Bolton réjouit par une direction tonique et enthousiaste, se révélant par ailleurs constamment à l’écoute de chanteurs qu’il ne couvre à aucun moment.


Cette reprise de l’Opéra de Paris conserve donc tous les attraits qui avaient fait son succès lors de sa création en 1997. Elle nous montre aussi qu’il y a un salut hors de la trilogie Mozart/Da Ponte.



Katia Choquer

 

 

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