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Un Idoménée très seria

Paris
Salle Pleyel
11/29/2008 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Idomeneo, K. 366
Richard Croft (Idomeneo), Alexandrina Pendatchanska (Elettra), Bernarda Fink (Idamante), Sunhae Im (Ilia), Kenneth Taver (Arbace), Nicolas Rivenq (le Grand Prêtre de Neptune), Luca Tittoto (la Voix de Neptune)
Freiburger Barockorchester, RIAS Kammerchor, René Jacobs (direction)


(© Frédérique Toulet/Salle Pleyel)


L’Ouverture donne le ton : tempos amples, couleurs sombres, pas de théâtre. René Jacobs s’attache plus au modelé du son qu’au drame lui-même, il cisèle amoureusement - et remarquablement - les détails plus qu’il ne conduit pleinement l’œuvre, trop maître de lui peut-être dans un seria qu’il finit par figer alors qu’on voudrait y sentir la tension continue de la grande tragédie pour la vivre sur une scène imaginaire. Cela étonne un peu de la part d’un musicien dont l’imagination a si souvent renouvelé notre approche des partitions. On observe aussi qu’il dirige plus la partition que l’orchestre lui-même, ce qui ne peut guère galvaniser ses musiciens. Mais ceux-ci sont excellents et, quitte à jouer à l’ancienne, offrent ce qu’on peut attendre de mieux en la matière : les solos sont un régal, notamment dans l’air concertant d’Ilia « Se il padre perdei ». Quant au chœur, il est superbe, de cohésion, de beauté vocale, d’engagement : c’est d’abord lui qui nous offre Idoménée.


Les chanteurs forment un assez bel ensemble, non sans disparités. L’Ilia de Sunhae Im, si elle s’avère irréprochable vocalement, avec un « Zefiretti lusinghieri » très joliment phrasé, ressemble plus à Zerline ou à Suzanne, ne serait-ce que par ce timbre un rien trop pointu, qu’à une princesse troyenne : son chant paraît trop lisse, sans ces frémissements qu’on attend de la captive amoureuse. Alexandrina Pendatchanska a beau connaître toujours ses problèmes de registre, trahir parfois un trou dans le médium, recourir à des artifices techniques, elle a une présence, son Electre vit et souffre dans ses airs de fureur, se libère et s’assouplit dans « Idol mio ». Dans la tessiture impossible d’Idamante, Bernarda Fink ne se trouve guère à l’aise, d’ailleurs blanche de timbre et peinant à se projeter, surtout au premier acte, compensant heureusement par l’intensité de son engagement et son intimité avec le style mozartien.


Il n’y a guère que des éloges à faire, en revanche, de l’Idoménée intériorisé et douloureux de Richard Croft, voix modeste mais parfaitement projetée pour le coup, avec une maîtrise exemplaire du legato comme de la colorature, en particulier dans le terrible « Fuor del mar », et une intelligence rare de la subtilité des récitatifs. Il n’empêche pourtant pas de remarquer l’excellent Kenneth Taver dans le rôle difficile et souvent sacrifié d’Arbace, lui qui peut-être, un jour, sera Idoménée. Et Nicolas Rivenq en impose, notamment par l’aisance de son aigu, dans le Grand Prêtre de Neptune.



Didier van Moere

 

 

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