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Cinq pianistes au Catalogue

Paris
Amphithéâtre Bastille
10/04/2008 -  
Olivier Messiaen : Catalogue d’oiseaux
Markus Bellheim, Prodromos Symeonidis, Le Liu, Hue-Am Park, Marie Vermeulin (piano)




Les trois heures – ou presque - du Catalogue d’oiseaux ont-elles fait peur ? Est-ce la concurrence de l’Orchestre du festival de Budapest dans la Troisième Symphonie de Mahler ? L’Opéra de Paris a-t-il eu tort de proposer tout un week-end Messiaen avec quatre concerts sur trois jours ? Reconnaissons que ce Catalogue ne s’adresse pas au grand public et que la salle s’est un peu dégarnie au fur et à mesure que l’on avançait dans la partition. La présence de cinq pianistes, pourtant, lauréats du Concours Messiaen, avait de quoi susciter la curiosité et éviter la monotonie, chacun ayant sa personnalité propre.



Dans « Le Chocard des Alpes », Markus Bellheim, lauréat du Concours en 2000, semble privilégier la densité du son, les rythmes, plus que les couleurs ; il colore davantage « Le Loriot », qui lui convient mieux, avant d’enrichir encore son spectre chromatique dans « Le Merle bleu », sans émousser la profondeur d’un jeu toujours exempt de dureté. Jouant par cœur, Prodromos Symeonidis, deuxième Grand Prix en 2003, s’avère plus tendu, plus orchestral, plus inventif, plus lyrique aussi dans « Le Traquet stapazin », qui constitue à lui seul tout le livre II. Dans « La Chouette hulotte », il joue sur les résonances en utilisant subtilement la pédale, veillant à mettre en exergue toute la modernité de Messiaen ; « L’Alouette Lulu » témoigne d’un beau travail sur les timbres et sur les registres extrêmes, pour éviter toute monochromie. A la lauréate 2007, Le Liu, échoit le Livre IV, constitué de la seule « Rousserolle effarvate », la pièce la plus longue du cycle avec ses trente minutes : elle y apparaît très sûre, en particulier rythmiquement, sa sonorité encore un peu verte n’échappe pas à une certaine sécheresse, là où la virtuosité doit aller de pair avec une richesse des harmoniques. Hue-Am Park, troisième Grand Prix en 2003, intéresse davantage : « L’Alouette calandrelle » est d’une clarté très analytique, avec une sonorité assez incisive ; dans « La Bouscarle », où l’où entend toutes les notes des accords, la sonorité cristalline fait vibrer la lumière du matin et l’eau de la rivière ; « Le Merle de roche » joue sur l’urgence rythmique et les audaces de l’écriture. Marie Vermeulin, enfin, deuxième Grand Prix en 2007, impressionne par la façon dont elle s’empare du dernier livre, par son art de l’évocation, collant parfaitement aux descriptions de Messiaen : elle met une effervescence presque rageuse dans « La Buse variable », qu’elle pare de tons crus, à la faveur d’un jeu très percussif – tout cela suggère avec force l’attaque de la buse par les corneilles ; « Le Traque trieur » est vif argent, vraie marine où l’on sent bien le vent et « la joie de la mer bleue » ; dans « Le Courlis cendré », autre marine, elle bannit à dessein tout hédonisme sonore au profit de couleurs sèches, pour restituer l’ambiance de ce nocturne froid où « tout est noir et terrible ».



Didier van Moere

 

 

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