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Le piano, du classique au jazz

Tournai
Maison de la culture
11/22/2008 -  et les 26 (Uccle) et 29 (Louvain-la-Neuve) novembre 2008
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n°22, K. 482
Nathalie Loriers : Œuvres pour piano, saxophone, contrebasse, batterie et orchestre à cordes (arrangement de Bert Joris)

Chen Fu, Nathalie Loriers (piano), Fabrice Alleman (saxophone), Philippe Aerts (contrebasse), Joost Van Shaik (batterie)
Orchestre de la Chapelle musicale de Tournai, Philippe Gérard (direction)


Nathalie Loriers (© www.dariovilla.net)



Fondée il y a trente ans, la Chapelle musicale de Tournai propose chaque année une programmation diversifiée, dans la cité picarde, bien sûr, mais aussi ailleurs en Belgique, en particulier dans les festivals (de Wallonie, de l’Eté mosan, Juillet musical d’Aulne). Le deuxième des quatre concerts donnés à Tournai cette saison entend esquisser un portrait du piano, du classicisme au jazz. Portrait forcément succinct, compte tenu notamment de la durée traditionnelle d’un concert, mais également partiel puisque l’histoire de cet instrument entre les classiques et l’avènement du jazz au siècle dernier est passée sous silence. Mais l’initiative d’associer la musique de l’omniprésent Mozart avec celle d’une des personnalités les plus renommées du petit monde du jazz belge suscitait le plus vif intérêt. Est-ce dû à la présence à l’affiche du compositeur salzbourgeois, à celle de Nathalie Loriers où à l’originalité de la démarche ? – la Salle Frank Lucas de la Maison de la Culture est quasi comble.


Originaire du Shenyang, formée au Conservatoire Royal de Bruxelles dans la classe de Jean-Claude Vanden Eynden et se perfectionnant à la faculté de musique de l’Université de Montréal, Chen Fu livre un Vingt-deuxième Concerto pour piano globalement soigné, malgré quelques furtifs passages manquant de clarté. Applaudie après chaque mouvement, son interprétation, des plus sages, accuse tant un déficit de relief et de profondeur qu’un excès de pesanteur ; aussi s’avère-t-elle, en définitive, plus appliquée qu’enthousiasmante. Directeur de l’orchestre de la Chapelle depuis 1989, Philippe Gérard accompagne la soliste avec toute l’attention requise mais la prestation carrée et, par moments, épaisse de la formation ne constitue pas un modèle d’équilibre et de finesse.


La seconde partie procure davantage de satisfactions. Aux côtés de Fabrice Alleman au saxophone, de Philippe Aerts à la contrebasse et de Joost Van Shaik à la batterie, Nathalie Loriers interprète quelques unes de ses fort belles compositions – le programme de salle, heureusement gratuit, n’en mentionne pas les titres. L’association avec les cordes de la Chapelle, dirigées par un Philippe Gérard visiblement ravi (à juste titre) de la prestation des jazzmen et woman, fonctionne parfaitement. Le public saura apprécier à sa juste valeur la virtuosité et l’incontestable musicalité de ce quatuor, en particulier durant les jubilatoires improvisations. Malgré les applaudissements timides et incertains d’une partie du public visiblement impatiente de quitter la salle, l’excellente Nathalie Loriers concède un bis. Un petit, indique-t-elle malicieusement d’une main : rien de petit, ni de bref en réalité, s’agissant du moment le plus dense et enlevé de la soirée.


Le prochain concert de la Chapelle musicale de Tournai se tiendra le jeudi 19 février au Conservatoire : avec Eliane Rodrigues au piano et Christian Chuffart à la trompette, elle interprétera des œuvres de Schreker, Mozart (encore), Chostakovitch et, bicentenaire de sa mort oblige, Haydn.


Le site de la Chapelle musicale de Tournai
Le site de Nathalie Loriers



Sébastien Foucart

 

 

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