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Sainte-Cécile s’encanaille

Roma
Parco della Musica: Auditorium
11/15/2008 -  et les 17 et 18 novembre 2008
George Gershwin: Porgy and Bess (suite pour solistes, chœur et orchestre de Wayne Marshall)

Rodney Clarke (Porgy), Indira Mahajan (Bess/Clara/Lily/Maria), Angela Renée Simpson (Serena/Maria), Ronald Samm (Sporting Life/Mingo/Jake)
Orchestre et Chœur de l’Académie nationale de Sainte-Cécile, Chœur des Voix Blanches de Rome, Wayne Marshall (direction musicale)


(© Riccardo Musacchio & Flavio Ianniello)


Rome dispose d’une salle de concerts digne de ce nom depuis 2002 seulement, année de construction du Parco della Musica, vaste complexe signé Renzo Piano, l’architecte du Centre Georges-Pompidou. Les habitants de la capitale italienne ont dû en effet prendre leur mal en patience pendant plus de 50 ans, l’ancienne salle ayant été démolie en 1946 pour permettre la restauration de la tombe d'Auguste, située juste à côté. Le nouveau Parco della Musica, au nord de la ville, comprend trois salles de dimensions différentes qui ressemblent à des caisses harmoniques ou, vues du ciel, à des hannetons posés sur l’herbe. La plus grande, d’une capacité de 2800 places – qui n’est pas sans rappeler la Philharmonie de Berlin, avec sa scène centrale, ceinte de fauteuils de toutes parts – jouit d’une acoustique exceptionnelle. Il faut dire que rien n’a été laissé au hasard dans sa conception, du choix des matériaux utilisés, avec notamment de grands panneaux de bois au-dessus de la scène, aux avancées technologiques mises en œuvre. Le Parco della Musica est la nouvelle adresse de l’Orchestre et du Chœur de l’Académie de Sainte-Cécile, qui font partie des meilleurs ensembles italiens. Ce Porgy and Bess a été pour eux l'occasion de prouver leur valeur dans un répertoire qui ne leur est pas familier.


George Gershwin a toujours eu pour ambition de composer un opéra «sérieux». Porgy and Bess raconte la vie d’Afro-Américains dans le quartier fictif de Catfish Row à Charleston, en Caroline du Sud, au début des années 1930. Porgy, un noir estropié, tente de sauver Bess des griffes de Crown, son mari, et de Sporting Life, un dealer. L'œuvre a été créée à Boston en 1935, mais il a fallu attendre les années 80 pour qu’elle soit reconnue aux États-Unis comme un véritable opéra; aujourd'hui, c’est devenu un classique du répertoire lyrique américain. Summertime est de loin l'air le plus connu de la partition. Musicalement, Porgy and Bess est une synthèse entre les techniques orchestrales européennes, le jazz américain et la musique populaire. L'opéra a donné lieu à de nombreux arrangements pour orchestre ou instruments.


La version présentée à Rome est signée du chef d'orchestre. Wayne Marshall n’est pas un inconnu: spécialiste de Gershwin, il a participé, au piano, à la célèbre production de Porgy and Bess du Festival de Glyndebourne (1989) ainsi qu'à l'enregistrement qui a suivi, sous la baguette de Simon Rattle. Expert en comédies musicales, il a fait venir les solistes tout droit de Broadway. Si le Porgy de Rodney Clarke, le plus jeune des quatre interprètes, manquait quelque peu d'expérience et d'étoffe, les deux dames ont touché les spectateurs par leur voix chaude et sensuelle. Mais la palme est revenue sans conteste à Ronald Samm, dont la verve et la truculence ont parsemé chacune des interventions. A la fin de la soirée, tous les protagonistes ont été chaleureusement applaudis par un public manifestement sous le charme. On notera que ces trois soirées romaines se sont déroulées au moment même de la création de l'œuvre à Chicago, la ville de Barack Obama. Tout un symbole!



Claudio Poloni

 

 

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