About us / Contact

The Classical Music Network

Rouen

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Jeanne d'Arc ressuscite à Rouen

Rouen
Théâtre des arts
10/10/2008 -  et 12*, 14, 16, 18 octobre 2008
Giuseppe Verdi : Giovanna d'Arco
Guylaine Girard (Jeanne), Jean-François Borras (Charles VII), Victor Torres (Jacques), Alain Herriau (Talbot), Eric Pariche (Delil)
Orchestre et Chœur de l’Opéra de Rouen Haute-Normandie, Oswald Sallaberger (direction)
Stephan Grögler (mise en scène)


Jeanne d’Arc étant chez elle à Rouen, il incombait au Théâtre des arts de monter la Giovanna d’Arco de Verdi ; on espère qu’il ressuscitera un jour La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski, également inspirée de Schiller. Créé en 1845 à la Scala de Milan, l’opéra offre à la fois de très belles pages, surtout dans la partie de Jeanne, et des numéros sentant la facilité. Il ne mérite pas, en tout cas, le relatif oubli dans lequel il a sombré, bien que de grandes chanteuses, notamment Montserrat Caballé, aient vu tout le parti qu’elles pouvaient en tirer. Et l’on passera sur les libertés prises avec l’histoire : Jeanne et Charles VII s’éprennent l’un de l’autre, tandis que le père de la pucelle la prend pour une sorcière et la livre aux Anglais qui la condamnent au bûcher. Ses yeux s’ouvrent enfin et il l’envoie au combat ; elle succombe à ses blessures en voyant la Vierge.


L’Opéra de Rouen a monté une belle production, même si la mise en scène de Stephan Grögler s’en tient fort honnêtement à un premier degré – ou à un degré zéro, diront les méchantes langues – qui paraît aujourd’hui d’un autre temps. Le décor unique, champ de bataille, ferme du père de Jeanne ou jardin du roi, est d’un réalisme – avec des chevaux ou des animaux de la ferme – stylisé, les jeux de lumière assurant les changements d’ambiance. Cette approche très illustrative se défendrait mieux si elle s’appuyait sur une direction d’acteurs plus fouillée : le metteur en scène, qu’on a connu plus inventif, comme dans Le Tour d’écrou de Britten, cantonne les chanteurs et les chœurs dans une gestuelle trop convenue.


On n’en dira pas autant d’Oswald Sallaberger, qui évite le piège du pompiérisme – la Grande Marche triomphale du deuxième acte - tout en maintenant une grande tension dramatique, trouve de belles couleurs dans l’orchestre parfois encore un peu vert du jeune Verdi, varie les atmosphères, grâce au travail en profondeur accompli depuis quelque dix ans avec ses musiciens – le chœur, en revanche, se trouve souvent à la peine alors qu’il occupe une place importante dans l’opéra. Dans le rôle encore belcantiste de Jeanne, Guylaine Girard se signale par un timbre charnu, une tessiture homogène, une belle ligne de chant, une vocalisation sûre, aussi à l’aise dans les cavatines élégiaques – très réussis sont « Sempre
all’alba », avec un contre- attaqué piano, et « O fatidica foresta » –, que dans les cabalettes martiales – non moins réussi est « Son guerriera ». Jean-François Borras se montre digne d’elle : émission haute, aigus aisés, phrasés élégants, le jeune ténor a tout, s’il ne force pas ses moyens, pour réussir dans un certain répertoire du dix-neuvième siècle, où l’on a tendance à solliciter des voix trop lourdes. Souffrant, Victor Torres n’a pu donner toute sa mesure, mais a montré ses affinités avec le chant verdien, sachant nuancer la figure de ce père que Verdi n’a pas vraiment gâté.


Un beau début de saison, qui confirme la nécessité d’aller en région pour voir certaines raretés.



Didier van Moere

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com