About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Félicité parmi les fleurs

Paris
Musée d’Orsay
10/02/2008 -  
Hector Berlioz : Les Nuits d’été, opus 7
Ernest Chausson : Les Papillons, opus 2 n° 3 – Le Colibri, opus 2 n° 6 – Chanson perpétuelle, opus 37 – Le Temps des lilas
Claude Debussy : «C’est l’extase langoureuse», «Il pleure dans mon cœur», «Chevaux de bois», «Green» et «Spleen», extraits des Ariettes oubliées

Felicity Lott (soprano), Graham Johnson (piano)


Felicity Lott (© Trevor Leighton)



Dans le cadre de la saison 2008-2009 du musée d’Orsay (qui accueillera notamment Ian Bostridge, Natalia Gutman et Angelika Kirchschlager dans son auditorium et l’Orchestre national de France dans sa nef) et une semaine après avoir donné en récital un programme avec ensemble de musique de chambre, récemment gravé sur disque (voir ici), Felicity Lott livrait, avec son compatriote Graham Johnson, ce genre de récital charmant dans lequel elle excelle. On entend pourtant le temps qui passe, la cantatrice britannique n’ayant plus exactement le même rayonnement phonique et souffrant désormais de faiblesses vocales impossibles à ignorer (quoique nullement rédhibitoires).


On n’entend pas si fréquemment la version originale avec piano des Nuits d’été (1841) de Berlioz. Si l’opulence de l’accompagnement orchestral se fait cruellement regretter dans «Au cimetière» comme dans «L’Île inconnue», c’est le registre de la voix qui produit une gêne occasionnelle dans les quatre premières mélodies de ce cycle écrit pour une mezzo-soprano ou un ténor. On est également surpris de trouver à redire à une articulation pas toujours exemplaire (notamment dans le registre aigu) et de relever quelques trous dans la voix (dans «Absence», surtout). Mais la respiration reste souveraine («Sur les lagunes») et, au-delà, Felicity Lott compense la fatigue naturelle de son organe par un art de l’interprétation toujours aussi désarmant, rajeunissant «Villanelle», osant l’érotisme dans «Le Spectre de la rose» (Ah… ce «et j’arrive du paradis» !).


L’ensemble de mélodies de Chausson qui ouvre la seconde partie constitue probablement le meilleur moment de ce récital. Félicité parmi les fleurs, les oiseaux, les odeurs parfumées… la cantatrice est ici chez elle. Les Papillons (1882) sont justes, sobres, naturels. Le Colibri (1880) manque un peu de soleil dans la voix mais «descend, se pose, // Et boit tant d’amour dans la coupe rose, // Qu’il meurt, ne sachant s’il l’a pu tarir». Le ton se fait plus sombre et le style plus mûr dans une Chanson perpétuelle (1898) magnifiée par l’accompagnement de Graham Jonhson : difficile de ne pas penser à la Maréchale straussienne en entendant Felicity Lott chanter «Je ne dormais bien qu’entre ses bras. // Mais lui, sentant son cœur éteint, // S’en est allé l’autre matin // Sans moi, dans un pays lointain», conclu d’un sourire triste et touchant. Enfin, Le Temps des lilas (1886) trouve la cantatrice, malgré – ou plutôt, avec – des moyens logiquement affectés par plus de trente ans de carrière, au sommet de l’expressivité.


Si le style de Debussy (et le texte de Verlaine) conviennent bien à l’artiste anglaise, Les Ariettes oubliées (1887) ne se situent pas exactement au même niveau, l’inattention ayant même contraint la «Flott» à reprendre le début de «Chevaux de bois». C’est notamment «Il pleure dans mon cœur» et «Green» qui déçoivent vocalement, les graves se faisant un peu laborieux. Rien à redire, par contre, de l’accompagnement léger et soyeux de l’expérimenté Graham Johnson. Fort heureusement, Felicity Lott achève son programme en mobilisant toutes ses forces dans un «Spleen» d’une grande intensité vocale.


A coup sûr, Gabriel Fauré faisait défaut à ce beau panorama de la mélodie française. Très naturellement, les deuxbis viennent pallier cette absence, laissant apprécier un Green (1891) (sur le même texte de Verlaine que celui de Debussy) léger et fruité et un Clair de lune (1887) apaisé et apaisant.


Le site des concerts du Musée d’Orsay
Le site de Felicity Lott



Gilles d’Heyres

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com