About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Obstacle libérateur

Bruxelles
La Monnaie
09/04/2008 -  et 6, 9, 11, 14, 16, 18, 21* et 23 septembre 2008
Claude Debussy : Pelléas et Mélisande
Stéphane Degout (Pelléas), Sandrine Piau (Mélisande), Dietrich Henschel (Golaud), Marie-Nicole Lemieux (Geneviève), Alain Vernhes (Arkel), Jean Teitgen (Un médecin), Wiard Witholt (Un berger), Valérie Gabail (Yniold)
Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef de chœur), Orchestre symphonique de la Monnaie, Mark Wigglesworth (direction)
Pierre Audi (mise en scène), Anish Kapoor (scénographie), Patrick Kinmonth (costumes), Jean Kalman (éclairages)




© Maarten Vanden Abeele



Un obstacle libérateur : ainsi Pierre Audi qualifie-t-il la scénographie d’Anish Kapoor optée pour ce nouveau Pelléas et Mélisande à la Monnaie, neuf ans après la reprise du spectacle signé Herbert Wernicke. Effectuant à cette occasion ses débuts dans l’institution bruxelloise, le directeur artistique du Nederlandse Opera a été approché par Peter de Caluwe pour collaborer avec cet artiste plasticien. En guise de décor, ce dernier a conçu une indéfinissable sculpture pivotante sur laquelle Pierre Audi était invité à greffer sa mise en scène ; obstacle, car n’importe quelle direction ne pouvait par conséquent être prise, libérateur car la réalisation de Kapoor laisse, malgré tout, peu de place à l’hésitation.


Dans le décor du Britannique d’origine indienne, son second pour une maison d’opéra, le premier pour la Monnaie, Pierre Audi voit, en fonction de l’instant, rien de moins que le ventre d’une femme enceinte, un fœtus, un nid d’amour, une salle de torture, une maison, une chambre, un œil humain ou un symbole sexuel. Mais à chacun, sans doute, d’imaginer ce qu’il souhaite. L’exploitation de cette sculpture, portée par une structure métallique et associée à une passerelle et des escaliers, s’avère des plus subtiles, impression renforcée par les éclairages experts de Jean Kalman. Le travail sur les personnages, faits ici de chair et de sang, porte la signature d’un artiste consciencieux et précis qui attribue à chacun d’eux son juste profil psychologique. Le jeu d’acteurs et, plus encore, le soin porté à la diction française rendent véritablement justice au texte de Maeterlinck. Quant aux costumes de Patrick Kinmonth (débutant lui aussi à la Monnaie), ils se fondent avec évidence dans ce projet scénique particulièrement abouti.


Davantage que l’étrange objet de Kapoor ou le crâne singulièrement dégarni de Mélisande – sa légendaire chevelure est incorporée dans ses habits –, la direction enflammée et redoutablement efficace de Mark Wigglesworth suscitera peut-être les discussions les plus passionnées. Celui qui occupe l’inconfortable position d’ex futur directeur musical de l’orchestre maison ne dispense pas toujours toutes les subtilités et le raffinement que l’on est en droit d’attendre dans cette partition. Violent, serré, dramatique, l’accompagnement colle toutefois parfaitement à l’action et coupe plus d’une fois le souffle (dernière scène du III) tandis que l’inestimable modernité de cette musique ressort pleinement.


Stéphane Degout en Pelléas, Sandrine Piau en Mélisande (ici plus femme qu’adolescente) et Dietrich Henschel en Golaud : sur le papier, la distribution semble aller de soi mais, aussi étrange que cela puisse paraître, ils débutent chacun dans leur rôle. Ces trois personnages sont admirablement composés et chantés, Henschel méritant la palme de l’incarnation la plus dépouillée. Le baryton allemand, qui campa la saison dernière un saisissant Wozzeck dans une production appelée à faire date, confirme ses indéniables talents d’acteur dans un Golaud bestial, brutal et inquiétant. Autres prestations à saluer, celles de l’excellente Marie-Nicole Lemieux dans une Geneviève mémorable et de l’expérimenté Alain Vernhes dans un Arkel touchant. Valérie Gabail incarne un Yniold trop peu enfant pour convaincre totalement. Confier ce rôle à un jeune garçon constitue probablement l’option la plus recevable, comme le montra la reprise de 1999.


Le site de la Monnaie



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com