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Le talent confirmé de Lionel Bringuier

Paris
Salle Pleyel
09/19/2008 -  
Maurice Ravel : Alborada del gracioso
Magnus Lindberg : Concerto pour violon
Igor Stravinsky : Petrouchka (version 1947)

Tedi Papavrami (violon)
Orchestre Philharmonique de Radio France, Lionel Bringuier (direction)


Lionel Bringuier (© Anastasia Chernyavsky)



Né en 1986 et déjà chef assistant à Los Angeles, trois ans après son prix de Besançon : il faut non seulement que Lionel Bringuier soit doué, mais qu’il ait acquis en un temps record la maîtrise de l’orchestre. Surtout pour diriger une partition comme Petrouchka, dont les rythmes et les couleurs n’ont visiblement pas de secret pour lui. Le geste est sûr, la baguette précise, rien n’échappe au jeune chef, sinon parfois la dynamique, qu’il devra affiner – il pourra aussi gagner en souplesse. La musique de Stravinsky garde en tout cas toutes ses saveurs, la direction mettant à nu son côté âpre et anguleux, son humour aussi dans les références populaires, sans oublier de nous raconter une histoire : on entend bien un ballet, avec des personnages instrumentaux remarquablement incarnés par les instrumentistes de l’orchestre – la flûte de Magali Mosnier, la trompette de Bruno Nouvion, le piano de Catherine Cournot –, un Philhar’ apparemment heureux de jouer avec le second d’Esa-Pekka Salonen. Donnée en hors-d’œuvre, « Alborada del gracioso », le plus célèbre des Miroirs ravéliens, augurait bien du concert : l’orchestre crépitait, fouetté par une direction implacable mais contrastée, qui ne sacrifiait pas la couleur au rythme, avec des moiteurs sensuelles dans le passage médian, où l’excellent basson de Stéphane Coutaz chantait comme un personnages de L’Heure espagnole.


Entre Ravel et Stravinsky, le Concerto pour violon de Magnus Lindberg, donné en première française par un parfait Tedi Papavrami, chaleureux et délié, s’insérait sans créer de hiatus : écrite pour un orchestre Mozart sans percussion, destinée à célébrer en 2006 le deux cent cinquantième anniversaire de la naissance de ce dernier, créée par Lisa Batiashvili et Louis Langrée au Mostly Mozart Festival, la partition, fort habilement composée, semble assez « musicalement correcte », dépourvue de grandes audaces, s’inscrivant plutôt dans la continuité d’un Szymanowski – ne serait-ce que par l’intégration des mouvements dans un flux continu et le rapport du soliste à l’orchestre – et d’un Sibelius. En bis, l’Andante de la Deuxième Sonate de Bach, d’une belle pureté de ligne et de sonorité.


Bonne rentrée pour le Philhar’.



Didier van Moere

 

 

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