About us / Contact

The Classical Music Network

Bruxelles

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Une tradition battue en brèche

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
09/11/2008 -  et 16 (Leverkusen) et 18 (Berlin) septembre 2008
Anton Bruckner : Symphonie n°8, A.117 (édition Haas)
Orchestre des Champs-Elysées, Philippe Herreweghe (direction)


Philippe Herreweghe (© Droits réservés)



Ouvert par un mémorable récital d’Aldo Ciccolini, le KlaraFestival (Forza musica !) touche à sa fin. Avant une clôture, le 12 septembre, sortant véritablement de l’ordinaire (concerts pluridisciplinaires dans des stations de métro, les gares de Bruxelles Midi, Central et Nord et l’aéroport de Bruxelles National), l’Orchestre des Champs-Elysées et son directeur musical Philippe Herreweghe reviennent au Bozar, sept mois après leur précédente visite.


Les chefs adeptes du retour aux sources et des conditions originales d’exécution se penchent aujourd’hui sans complexe sur Bruckner, à l’instar d’Herreweghe qui s’y consacre depuis quelques années. Sa discographie chez harmonia mundi en fait foi : Messe en mi mineur, Quatrième et Septième Symphonies, ces deux dernières enregistrées avec cette formation sur instruments d’époque résidant en Poitou-Charentes. En février, la Cinquième avait plutôt séduit, y compris à Paris. La Huitième (1884-1887), qui a suscité une belle affluence en cette soirée estivale, s’inscrit naturellement dans la même veine mais alimente peut-être davantage le débat. Certains applaudiront plus ou moins chaleureusement cette tentative de reconstitution et l’absence d’image et de cliché traditionnellement associés au compositeur – musique massive, pompeuse, à forte connotation religieuse et mystique –, d’autres s’écarteront de l’optique défendue (avec conviction) par le chef gantois, fort de son expérience de la musique ancienne, en particulier celle de Jean-Sébastien Bach.


Plus notable que la disposition particulière des pupitres (violons et altos autour du chef, violoncelles face à celui-ci, contrebasses côté jardin), l’absence de vibrato, les tempi plutôt allants – durée d’exécution d’un peu plus de soixante-quinze minutes – et l’articulation fort marquée constituent les traits les plus saillants de cette lecture. Le propos, dépouillé mais plutôt carré, sonne parfois bien maigrement, les thèmes manquent trop souvent de relief tandis que la définition d’ensemble, et plus encore la sonorité tant à titre collectif qu’individuel (les cuivres !), ne peuvent que frustrer les amateurs de prestigieuses phalanges. La une de la maigre gazette trilingue distribuée (heureusement gratuitement) au public en guise de programme est illustrée d’une croix chrétienne faite des prénom et nom du chef : image un peu trompeuse, cette interprétation étant (volontairement ?) dépourvue de dimension religieuse, bien que cette perception soit fonction de tout un chacun, au point que c’est peut-être de musique pure qu’il s’agit avant tout. Et si certains passages, grandioses, impressionnent, le Finale laisse sur sa faim par déficit de grandeur, de progression et d’impact. Surtout, cette Huitième perd en émotion et profondeur, pour preuve l’attitude du public après le gigantesque Adagio, réagissant comme s’il venait d’entendre une bruyante ouverture de Tchaïkovski. Bref, une vision recevable si l’on considère qu’elle n’est pas la seul admissible.


Que ces réserves n’empêchent pas de voir en l’Orchestre des Champs-Elysées une des formations les plus en vue dans sa catégorie et en Philippe Herreweghe une des personnalités musicales belges les plus attachantes et authentiques qui soient. Il reviendra au Bozar à trois reprises avec son inséparable Collegium Vocale Gent (cantates de Jean-Sébastien Bach le 3 novembre, œuvres de Cristobal de Morales le 9 juin à l’Eglise des Minimes) ainsi qu’associé avec l’orchestre deFilharmonie le 29 janvier dans un couplage Bach/Stravinsky moins singulier qu’il n’y parait.


Le site de l’Orchestre des Champs-Elysées



Sébastien Foucart

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com