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Presque académique

Paris
Salle Pleyel
09/09/2008 -  et 29 août (London), 3 (Luzern), 10 (Stuttgart) septembre 2008
Maurice Ravel : Ma Mère l’oye (Suite)
Béla Bartók : Le Mandarin merveilleux (Suite), sz. 73
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 4, opus 36

New York philharmonic, Lorin Maazel (direction)


L. Maazel (© Frédérique Toulet/Salle Pleyel)



Avant d’entamer sa dernière saison à la tête de l’Orchestre philharmonique de New York, où Alan Gilbert lui succédera, Lorin Maazel conduit du 28 août au 12 septembre la plus ancienne formation américaine dans une grande tournée européenne (quatorze concerts en Angleterre, Allemagne, Suisse et France) comprenant deux étapes parisiennes. Leur précédente visite, au Théâtre des Champs-Elysées en mai 2007, avait laissé des impressions mitigées (voir ici) – pas suffisamment toutefois pour rater la seule visite en 2008-2009 dans la capitale d’un des Big Five, ces cinq phalanges (historiquement) les plus réputées des Etats-Unis, toutes situées sur la côte Est.


Connus pour leur caractère (difficile), les musiciens de New York n’en font pas moins preuve de ce professionnalisme et de ce perfectionnisme emblématiques des ensembles américains: sur scène alors que les spectateurs commencent tout juste à arriver, mais aussi durant l’entracte, bon nombre d’entre eux répètent leurs traits. Quand cette exigence se joint à la technique de leur directeur musical, l’une des baguettes à la fois les plus sûres et les plus souples qui soient, le confort d’écoute semble garanti: c’est bien le cas, malgré une mise en route un peu laborieuse, dans la Suite de Ma Mère l’oye (1910/1912) de Ravel. Et si Maazel est homme à se laisser griser par une sonorité aussi luxueuse, il parvient pourtant à restreindre sévèrement les coupables alanguissements dont il est coutumier, au point d’en paraître parfois trop prudent et sage. Mais comment ne pas admirer la façon dont il mène «Les Entretiens de la Belle et la Bête», dans véritable mouvement de valse, avec un remarquable contrebasson et, pour conclure, l’immuable violon solo de Glenn Dicterow?


Le déferlement initial de la Suite du Mandarin merveilleux (1919/1927) de Bartók est parfaitement maîtrisé: pas de débauche de décibels ni de précipitation excessive, même si le chef ne tarde pas à mettre en valeur les aspects narratifs et scéniques de cette musique, dont il s’emploie à souligner tour à tour le côté grotesque, effrayant, spectaculaire mais aussi vénéneux, grâce aux épatants solos de clarinette du non moins immuable Stanley Drucker.


Après ces deux ballets de climat antinomique, la seconde partie ne s’éloigne guère de la danse, jusque dans les bis (et au lendemain d’une soirée qui s’était achevée par Le Sacre du printemps). La Quatrième symphonie (1877) de Tchaïkovski confirme la bonne surprise occasionnée par la récente édition en «DG concert» de la Sixième «Pathétique» (voir ici). Dans ce répertoire, la tentation du narcissisme ou du sentimentalisme atteint souvent des chefs plus introvertis que Maazel, mais force est ici d’admettre qu’il ne surjoue que très rarement et renonce à presque tous ses navrants et habituels clins d’œil pour livrer une interprétation dépourvue de lourdeur et de vulgarité. Il fait certes fluctuer le tempo indépendamment des indications de la partition, mais à force de brider sa nature, le sentiment prévaudrait presque d’une distance académique, d’un manque de mordant, de souffle et de drame, qui ne rendent que partiellement justice au programme associé par le compositeur à chacun des quatre mouvements. Même le brio du scherzo et du finale peine à susciter plus de vie, au-delà d’une superbe mise en place et d’une démonstration de l’éclatante santé collective de l’orchestre, qui n’exclut pas d’excellentes performances individuelles, comme celle de Judith LeClair au basson, plus à son avantage que les premiers pupitres de flûte ou de hautbois.


Totalement dépourvus d’originalité, les bis sont identiques à ceux offerts en 2007: la Cinquième danse hongroise de Brahms, aux contrastes à peine moins exagérés, et la «Farandole» de la Seconde suite de L’Arlésienne (1872) de Bizet, à l’introduction toujours aussi pesante et à l’allure toujours aussi martiale.


Le site de l’Orchestre philharmonique de New York
Le site de Lorin Maazel



Simon Corley

 

 

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