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Mozart par Ciccolini, Mozart par Rimski

Montpellier
Opéra Berlioz-Le Corum
07/26/2008 -  
Wofgang Amadeus Mozart : Concero pour piano et orchestre n°23 en la majeur, KV 488 – Concerto pour piano et orchestre en ré mineur, KV 466
Nikolai Rimski-Korsakov : Mozart et Salieri, scène dramatique pour ténor, basse et orchestre, opus 48

Aldo Ciccolini (piano), Stanislav Vitart (ténor), Konstantin Gorny (basse), Michaël Nguyen (piano)
Orchestre national de Montpellier Languedoc-Roussillon, Lawrence Foster (direction)


A. Ciccolini (© Luc Jennepin)


Pour sa seconde apparition au festival de Radio France (lire par ailleurs ici), Aldo Ciccolini était, comme l’année dernière, en compagnie de l’Orchestre National de Montpellier-Languedoc Roussillon, délaissant cette fois les concertos romantiques pour Mozart. Un Mozart qui, dès le 23e Concerto, sonne avec une densité, une richesse de timbre rares qui rappellent Clara Haskil. Un Mozart expressif aussi, notamment dans le mouvement lent, mais jamais affecté, d’une précision exemplaire grâce à une articulation infaillible, d’une incroyable énergie pour cet homme de bientôt 83 ans, que l’orchestre ne suit pas toujours. Lawrence Foster, qui le prendra en main à la rentrée comme directeur musical désigné, lui imposera sans aucun doute le travail nécessaire pour que sa sonorité s’arrondisse, surtout celle des vents, pour qu’il se montre davantage présent lorsqu’il accompagne un soliste – lorsqu’il joue seul, il témoigne d’une certaine homogénéité et répond bien à son chef, dont la direction est à la fois ferme et légère.


A l’heure où le centenaire de la mort de Rimski-Korsakov passe quasiment inaperçu, remercions le festival d’avoir exhumé Mozart et Salieri, proposé entre les deux Concertos de la soirée. Cette conversation en musique d’après Pouchkine, où Salieri éprouve vis-à-vis de Mozart la jalousie du talent vis-à-vis du génie, au point d’aller jusqu’au meurtre par le poison – on sait aujourd’hui que c’est pure légende -, a trouvé en Lawrence Foster un magnifique défenseur, l’orchestre se révélant plus à l’aise ici. La direction fait heureusement de ce récitatif mélodique continu un authentique moment de théâtre, avec de vraies atmosphères, par exemple au moment de la citation du Requiem - autre légende, celle de Mozart obsédé par la vision de sa mort incarnée par le mystérieux homme en noir venu lui commander la partition. La difficulté de cette "scène dramatique" réside dans l’intégration des passages proprement rimskiens et des passages alla Mozart : le chef la résout parfaitement. Il est vrai que les deux chanteurs, à la différences des solistes masculins de la Petite Messe solennelle de Rossini entendue la veille, étaient à la hauteur de leur tâche. La superbe basse de Konstantin Gorny, en particulier, a donné de l’envieux Salieri – créé par l’illustre Chaliapine, alors que Rachmaninov tenait la partie de piano, de quoi faire rêver - une interprétation impressionnante : il a donné au personnage, sans sombrer dans la grandiloquence, une dimension quasi diabolique, comme s’il représentait une sorte d’absolu dans le mal. Mais le ténor Stanislav Vitart, dans un rôle moins flatté par le compositeur, a offert de ce Mozart à la fois insouciant et anxieux une composition parfaite. On s’interroge, en revanche, sur l’absence de surtitres, la pénombre empêchant pratiquement le public de lire le texte sur son programme – La Esmeralda, par exemple, était surtitrée.


Le fameux Concerto en ré mineur terminait le concert. Le pianiste l’a joué en se gardant de toute dérive romantique, dosant plutôt son rubato dans l’esprit du bel canto, permettant ainsi à la Romance de ne jamais s’affadir, avec, à la fin du premier mouvement une cadence fulgurante. Et il a bien pris soin de ne pas le jouer comme le 23e, mais comme un drame en musique, jusqu’à prendre le Finale dans un tempo très rapide remarquablement assumé, au risque de déstabiliser l’orchestre. En bis une Marche turque qui jamais ne pesait, totalement revisitée, notamment du côté de la main gauche, trop souvent réduite à un rôle subalterne.



Didier van Moere

 

 

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