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Grandes dames du piano

Paris
Orangerie du Domaine de Sceaux
07/27/2008 -  
Franz Schubert: Moment musical, D. 780 n° 2 – Mélodie hongroise, D. 817 – Impromptu, D. 899 n° 2 – Sonate n° 20 «Fantaisie», D. 894
Frédéric Chopin: Nocturnes en mi mineur, opus 72 n° 1, et en ut dièse mineur, opus posthume – Fantaisie-impromptu, opus 66 – Berceuse, opus 57 – Barcarolle, opus 60 – Ballade n° 4, opus 52

Anne Queffélec (piano)



Anne Queffélec (© Vincent Garnier)



Voici près de quinze ans déjà, Catherine Collard disparaissait à l’âge de quarante-six ans: à l’Orangerie de Sceaux, où elle se produisait régulièrement, c’est Anne Queffélec qui lui rend hommage. Geste d’une grande dame du piano à l’égard d’une autre grande dame du piano, son aînée de cinq mois, mais aussi et surtout, par-delà la séparation, témoignage d’amitié, particulièrement émouvant en présence de sa mère, adressé à celle avec qui elle avait souvent joué.


En première partie, point de ces Haydn, Schumann et Debussy qui avaient établi sa réputation, mais Schubert qui, si l’on en croit Anne Queffélec, fut l’un des compositeurs auquel elle consacra ses derniers moments. Sur ce, s’élève le Deuxième des six Moments musicaux (1827) – une musique qui n’est déjà plus d’ici-bas. Suivent la Mélodie hongroise (1824) et le Deuxième des quatre Impromptus de l’Opus 90 (1827): probe sans être pour autant ennuyeuse, l’interprétation est émaillée de petits ralentissements, comme des soupirs résignés, dont on voit mal ce qu’ils apportent à un solide classicisme, nourri aux plus grands maîtres viennois (Badura-Skoda, Brendel, Demus). L’immense Molto moderato e cantabile initial de la Vingtième sonate (1825) fluctue, mais comment ne pas concéder cette liberté à une partition à laquelle les éditeurs conférèrent le sous-titre apocryphe de «Fantaisie»? La finesse du toucher coexiste avec une puissance insoupçonnée, qui paraît presque trop brutale dans le Menuetto, mais l’Allegretto final aura rarement paru si élégant et spirituel.


Après l’entracte, un florilège de pages de Chopin suscite des impressions fortement contrastées, depuis le dépouillement de deux Nocturnes, en mi mineur (vers 1847) et en ut dièse mineur (1830), jusqu’à une Fantaisie-impromptu (1835) déroulée d’un seul élan, comme hors d’haleine, non sans que sa partie centrale, comme ensuite la Berceuse (1843/1844), s’abandonne à une délicatesse extrême. D’une grande richesse de sonorités, la Barcarolle (1846) précède la Quatrième ballade (1842), magnifique péroraison dans laquelle la virtuosité, aussi incontestable soit-elle, ne prend jamais le pas sur l’expression.


Toujours très appréciée du public, Anne Queffélec, à l’issue de ce copieux récital et malgré une chaleur étouffante, lui offre en outre deux bis: d’abord l’arrangement par Wilhelm Kempff du Menuet de la Première suite du Second livre (1733) de Haendel, suspendant le temps pour unir noblesse et mélancolie, puis une pièce d’un compositeur qu’elle enregistra avec Catherine Collard, Erik Satie. La conclusion de sa Première gnossienne (1891) est perturbée par une sonnerie de téléphone portable, mais la pianiste prend les choses du bon côté et, tout en achevant les dernières mesures, livre un commentaire en forme de répartie: «Ca lui aurait plu».



Simon Corley

 

 

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