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La Grave

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Flûte et cordes

La Grave
Eglise des Hières (Juliette Hurel), Eglise du Chazelet (Quatuor Parisii)
07/13/2008 -  
Toru Takemitsu : Voice
Claude Debussy : Syrinx
Charles Koechlin : Deux Monodies
Jean-Sébastien Bach : Partita en la mineur, BWV 1013
André Jolivet : Cinq Incantations
Juliette Hurel (flûte)


Claude Debussy : Quatuor en sol mineur
Gérard Pesson : Respirez, ne respirez plus
Alban Berg : Suite lyrique

Quatuor Parisii: Arnaud Vallin, Jean-Michel Berrette (violon), Dominique Lobet (alto), Jean-Philippe Martignoni (violoncelle)


J. Hurel (© Marthe Lemelle)


Le festival Messiaen propose parfois deux concerts dans la journée. L’après-midi du 13 juillet, à l’Eglise des Hières, le récital de Juliette Hurel laissait une impression mitigée, par le choix des œuvres. Conçu à partir d’un haïku, sollicitant à la fois l’instrument et la voix de l’interprète, Voice, de Toru Takemitsu, disciple de Messiaen, est remarquable, comme Syrinx de Debussy, tout empreint de sensualité. Ecrites pour un concours de lecture à vue imposé par le Conservatoire de Saint-Etienne, les deux Monodies de Koechlin, en revanche, sentent l’exercice d’école et auraient dû constituer un bis : la flûtiste n’a-t-elle pas Density 21,5 de Varèse à son répertoire ? On reste également sceptique, malgré tout le talent de l’interprète, à l’écoute de la Partita en la mineur de Bach, où le propos ne semble pas parfaitement adapté à l’instrument comme il l’est dans les Partitas pour violon ou pour violoncelle. Rien d’étonnant si les Cinq Incantations de Jolivet - membre comme Messiaen du groupe Jeune France avant la guerre -, inestimable trésor pour les flûtistes, étaient autrement convaincantes : non seulement Juliette Hurel se joue des difficultés de la partition, mais elle en restitue le mystère, déployant un bel éventail de nuances, ne s’en tenant jamais à une virtuosité pure, en particulier dans la dernière. Le bis s’explique mal, même dans le cadre du festival Messiaen : pourquoi isoler du Merle noir, écrit pour flûte et piano, un passage dévolu à la flûte seule ?



Le Quatuor Parisii


L’ombre de Messiaen planait, le soir, à l’Eglise du Chazelet, sur le programme composé par le Quatuor Parisii : Debussy incarnait pour lui la modernité, il avait dans sa musette de prisonnier de guerre la Suite lyrique de Berg. Le Quatuor de Debussy, pour commencer, se cherche un peu, en termes de sonorité, pas toujours parfaitement homogène, et de maîtrise formelle, en particulier dans le finale, qui a du mal à se construire. Mais le ton d’ensemble est juste : la partition s’inscrit bien dans la fin de siècle française, avec, au-delà des nuances, une recherche de couleurs, de clairs-obscurs, notamment dans le deuxième mouvement. « Respirez, ne respirez plus », premier Quatuor de Gérard Pesson, est en revanche superbe. Quinze ans après sa création, l’œuvre s’impose toujours, dans ses quatre mouvements – le compositeur se situe ici dans la tradition -, par le raffinement de l’écriture, la subtilité des innombrables jeux de timbres, l’absence de tout effet gratuit. Les Parisii dominent toutes les difficultés techniques d’une partition pleine de sonorités fugaces, à peine perceptibles, souvent suspendues, mais témoignent surtout d’une grande imagination, ne donnant jamais l’impression d’un enchaînement de quatre études. Ils ne se montrent pas moins à l’aise dans une Suite lyrique de Berg concentrée et tendue, d’un lyrisme brûlant mais sans outrance dans l’expressionnisme : ils y trouvent l’équilibre entre la modernité et les réminiscences mahlériennes, entre la perfection formelle et la sensualité des accents, virtuoses dans le Presto delirando, incandescents dans le Largo desolato final où Berg cite le leitmotiv du désir de Tristan et Isolde.


Le site de Juliette Hurel
Le site du Quatuor Parisii



Didier van Moere

 

 

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