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Muraro magicien

La Grave
Eglise Notre-Dame
07/12/2008 -  
Olivier Messiaen : Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus
Roger Muraro (piano)


R. Muraro (© Bertrand Desprez)


Chacun pensait que Messiaen, du haut du paradis, veillerait sur la venue du Philhar’ au festival de ses cent ans, que Roger Muraro jouerait un Dix-septième Concerto de Mozart touché par la grâce et que Myung-Whun Chung, inspiré par la beauté des montagnes et du glacier de la Meije si chers au compositeur, se surpasserait dans les Petites Liturgies. Il n’en fut rien : des averses rageuses saccagèrent le beau rêve. Le pianiste proposa alors de donner, dans la petite église de La Grave battue par la pluie, lieu de naissance et cœur du festival, les Vingt Regards sur l’Enfant-Jésus. Oui, les Vingt Regards, par cœur, qu’il n’avait pas touchés depuis deux mois ! Un tour de force. Mais surtout un de ces moments privilégiés, magiques, dont le mélomane se souvient jusqu’à la fin de ses jours. A croire que Messiaen, finalement, voulait qu’il en fût ainsi.


Ce qu’a fait le pianiste français ce soir-là tient du prodige. On savait certes qu’il avait des doigts infaillibles, qu’il possédait l’œuvre mieux que quiconque, au point presque de s’identifier à elle – en témoigne un magnifique DVD paru en 2005 chez Accord, d’ailleurs enregistré dans cette même église. Mais il a encore progressé dans son approche, toujours aussi flamboyante, mais en même temps plus intériorisée, plus mystique dans les passages contemplatifs. Le piano, en tout cas, est plus orchestral que jamais, avec des jeux de timbres fabuleux – notamment dans les registres extrêmes, où l’on croit vraiment entendre l’orchestre de Messiaen : on a rarement aussi bien perçu les tamtams et les hautbois du Seizième Regard. La clarté des plans sonores, pour une œuvre aussi dense, est admirable : pas une note n’échappe à l’oreille, jusque dans les accords les plus complexes. C’est dire que Muraro situe d’abord la partition dans la continuité de Liszt, avec lequel Messiaen – et lui-même – entretient tant d’affinités, par la façon également ont il transcende la virtuosité, par le refus d’assécher la musique sous prétexte de la moderniser, pierre d’achoppement de certaines interprétations. Il est vrai que nous dépassons presque ici le stade de l’interprétation à proprement parler : le pianiste a animé ces Regards d’un souffle visionnaire, en y jetant de fulgurants éclairs sur l’au-delà.


Le site du festival Messiaen au Pays de la Meije



Didier van Moere

 

 

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