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Songe d’une nuit d’été

Paris
Palais Garnier
07/06/2008 -  
Benjamin Britten : Phantasy, opus 2 – Temporal variations – Six Métamorphoses d’après Ovide, opus 49

Olivier Doise (hautbois), Eric Lacrouts (violon), Helga Gudmunsdottir (alto), Cyril Lacrouts (violoncelle), Christine Lagniel (piano)
Alessio Carbone (premier danseur de l’Opéra national de Paris), Cédric Paga (clown), Ludmila Pagliero (sujet du ballet de l’Opéra national de Paris)
Kader Belarbi (chorégraphie, mise en scène et lumières), Michaela Bürger (décors et costumes)


Kader Belarbi (© A. Deniau)


Dernier des huit «dimanches musicaux» que les solistes de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris donnent au Palais Garnier, avec un programme encore plus original qu’à l’accoutumée, préparé par le hautboïste Olivier Doise autour de trois œuvres de Britten formant, à l’exception des Two insect pieces posthumes, l’intégralité de sa production chambriste pour hautbois.


Dans la Fantaisie (1932), dédiée à Leon Goossens, célèbre représentant de l’école britannique de hautbois, le compositeur, quelques années après les quintettes de Bax et Bliss, réduit les cordes à un trio. Bien que seulement âgé de dix-neuf ans, il parvient à faire sienne la tradition des «phantasies», illustrée depuis le début du siècle par bon nombre de ses prédécesseurs (Vaughan Williams, Bridge, Ireland, Rubbra, ...) à l’instigation du musicologue Walter Wilson Cobbett, tout en se détachant par son style à la fois astringent et brillant du confortable pastoralisme typiquement anglais que l’instrument ne pouvait pourtant qu’encourager: le mouvement de marche lancé par le violoncelle, qui ouvre et qui referme la partition, suffit à en témoigner par son caractère ironique, voire sombre.


De «fantaisie», la suite de la soirée ne devait pas non plus manquer. Souhaitant travailler à un projet chorégraphique, Olivier Doise s’est tourné vers Kader Belarbi pour concevoir un spectacle hors norme. Le danseur étoile et chorégraphe a adopté le parti de faire alterner les neuf sections des Temporal variations (1936) pour hautbois et piano avec les Six métamorphoses d’après Ovide (1951) pour hautbois seul. Dans un premier temps, il avait envisagé de se livrer lui-même à une improvisation sur cette succession de brèves pièces, mais l’image d’un clown s’étant imposée à lui au cours de son travail sur la musique, il a finalement opté pour une association inédite: deux musiciens, deux danseurs et un clown. Sous le titre «Formeries», emprunté au poète Jean Tardieu (1903-1995), il a imaginé une «fabrique de formes où se façonnent les corps selon les objets».


Contrairement à ce que suggérait Hélène Pierrakos dans une présentation liminaire par ailleurs tout à fait éclairante, Britten s’est consacré au ballet (Matinées musicales d’après Rossini et, surtout, Le Prince des pagodes). Et la demi-heure de musique offerte par les Variations et les Métamorphoses, prolongée par les silences parfois assez longs qui s’installent entre les quinze morceaux, se révèle tout à fait adéquate pour la danse – deux des Variations s’intitulent d’ailleurs respectivement «Valse» et «Polka». Mais le mélange très shakespearien de sublime et de grotesque, tels ces masques souples revêtus par les cinq protagonistes, renvoie peut-être avant tout à l’une de ses plus grandes réussites, Le Songe d’une nuit d’été.


Car Belarbi fait sciemment abstraction des mythes ovidiens qui inspirent les Métamorphoses pour proposer «une succession d’événements équivoques, sans but ni fin», trouvailles facétieuses, humoristiques et poétiques à l’unisson d’une musique qu’elles suivent le plus souvent de très près, dans un surréalisme et un onirisme colorés par la scénographie et les costumes de Michaela Bürger. Si Cédric Paga, Alessio Carbone et Ludmila Pagliero sont habitués à se mettre en danger de la sorte, les musiciens, Olivier Doise et Christine Lagniel, se plient également au jeu avec brio: ce n’est sans doute pas de si tôt que le hautboïste se produira à nouveau pieds nus et en lunettes noires, tour à tour debout dans un seau bleu, sur le dos d’un clown et assis sur un piano...


Le site de Michaela Bürger



Simon Corley

 

 

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