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Entre tradition et modernité

Paris
Palais Garnier
01/21/1999 -  et 22, 23, 24, 26* janvier 1999
August Bournonville : Conservatoire
Stanton Welch : The Wish
John Neumeier : 1963 : Yesterday
Peter Martins : Zakouski
Maurice Béjart : Gaîté Parisienne
27, 28, 29 janvier 1999
August Bournonville : Napoli

Orchestre de l'Opéra national de Paris, Graham Bond (direction)
Ballet Royal du Danemark

C'est une leçon de danse des plus classiques qui a ouvert cette soirée de ballets : la première partie du Conservatoire (1849) de Bournonville. Des danseuses de Degas auxquelles on aurait apporté la vie connaîtraient cette même pureté académique, cette même propreté du mouvement, malgré quelques chevilles peut-être pas encore bien échauffées en ces premières minutes. Un agréable divertissement chorégraphique, sans prétention virtuose, nous est offert par la troupe du Ballet Royal du Danemark évoluant comme dans l'atmosphère feutrée d'un boudoir du siècle passé. Aucun des membres de la troupe ne se départit d'un lumineux sourire qui semble nous dire que cela est bien facile ! Leur légèreté laisse rêveur : autant de sylphides que de danseuses. Chaque mouvement est une nouvelle respiration, que l'on retrouve dans les charmants enchaînements des jeunes élèves de l'Ecole de danse qui laissent présager de futurs crus prometteurs.

Suit The Wish, toute récente création de Stanton Welch - chorégraphe pour l'Australian Ballet - sur la musique du Baleïro, extrait des Chants d'Auvergne de Canteloube. Accompagnée d'une mise en scène à l'esthétique parfaite, le pas de deux s'exprime entre l'ombre et la lumière, comme pour traduire une hésitation du couple entre attirance et éloignement. De cette dualité, de ce paradoxe amoureux, Caroline Cavallo et Fernando Mora nous offrent une danse poignante, sensuelle, interprétée avec sincérité. On aimerait que l'émotion de cet instant ne s'arrête jamais.

Et suite à ce trouble, la difficile transition est assurée par Neumeier avec à nouveau un pas de deux, 1963 : Yesterday, sur l'inattendue musique des Beatles (Here comes the Sun, Within You, Without You, When I'm 64, Yesterday). Créé en 1998 pour le 250e anniversaire du Théâtre Royal de Copenhague par le directeur et chorégraphe de l'Opéra de Hambourg, voici l'occasion d'une rencontre entre la tradition classique et la modernité de cette fin de siècle, à l'image de la bipolarité du Ballet Royal du Danemark lui-même. Rencontre incarnée par la grâce de Silja Schandorff et le sculptural Peter Bo Bendixen, tous deux premiers danseurs de la compagnie.

Le programme se poursuit avec une création récente de Peter Martins, Zakouski. Comme souvent, ce dernier mêle gaîté, rapidité d'exécution, agilité. Le couple de danseurs se livre à un véritable jeu de danses espiègles. Malgré quelques longueurs, la vivacité reste générale dans un style nourri de bases classiques. Bonne humeur et joie de vivre sont transmis par Tina Hojlund et Jean-Lucien Massot qui semblent se défier l'un l'autre au travers de leur danse.

Après l'entracte, on peut se réjouir des 70 minutes de Maurice Béjart et de sa Gaîté Parisienne (1978) parodiant La Belle au bois dormant, mais sur le ton de la farce baroque. Baroque dans le bouillonnement, dans l'effusion des personnages, dans la bizarrerie de chacun. Véritable feu d'artifice, cette fantaisie tient pour une large part de l'autobiographie, comme l'avait rappelé Sylvie de Nussa : "derrière le divertissement "bouffe" et endiablé, une psychanalyse du danseur - et par-dessus tout, une nouvelle déclaration d'amour fou à la danse" (L'Année de la danse, 1978). On ne peut non plus passer sous silence le talent d'acteur de ces interprètes qui jouent littéralement leur danse, comme une pièce de théâtre, et impriment une âme sur leur rôle. A ce titre, mention spéciale pour Morten Eggert en un Offenbach extraordinaire de vie et d'humour. Ce ballet, placé comme conclusion du programme est un habile rebondissement sur une réflexion autour de la danse, du dur labeur et des nombreux sacrifices qu'elle impose.

C'est donc avec un répertoire très varié que le Ballet Royal du Danemark a répondu à l'invitation de l'Opéra de Paris, montrant ainsi sa capacité à se couler dans les styles les plus divers, oscillant entre tradition et modernité. On regrette toutefois qu'aucune forte personnalité ne se démarque vraiment du corps de ballet lui-même. N'est-ce pas le propre d'une troupe de talent que de posséder quelques brillantes individualités ?



Anne Laure Carrega

 

 

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