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Sobriété et justesse

Strasbourg
Opéra
01/17/1999 -  et 19, 23*, 25, 27 janvier (Strasbourg), 5, 7 février (Mulhouse), 28, 30 juillet, 1er août (Savonlinna) 1999
Francis Poulenc : Dialogues des carmélites 
Anne-Sophie Schmidt (Blanche de la Force), Laurence Dale (Chevalier de la Force), Nadine Denize (Mme de Croissy), Valérie Millot (Mme Lidoine), Hedwig Fassbender (Mère Marie de l’Incarnation), Patricia Petibon (Sœur Constance), Didier Henry (Le marquis de la Force)
Orchestre philharmonique de Strasbourg, Jan Latham-Koenig (direction musicale)
Marthe Keller (mise en scène)


Dans le cadre du centième anniversaire de la naissance de Francis Poulenc, l’Opéra du Rhin nous présente une nouvelle production des Dialogues des carmélites, œuvre créée en 1957. Et c’est à une femme, Marthe Keller qu’à été confié la mise en scène de cette partition, de ce texte fort et bouleversant. Pour sa première expérience, à l’actrice a joué la sobriété et la justesse. Pas d’interprétation moderniste ni anachronique. Pas d’éclat dans la mise en perspective de l’œuvre. Le propos est simple. Il s’inspire avant tout d’un texte et crée une atmosphère qui lui rend hommage et en souligne l’implication religieuse.


Vision originale toutefois qui fait appel aux arts plastiques ; par un superbe recours à des éclairages subtils, immortalisant Blanche en vierge baroque, rapprochant les religieuses des figures des peintres symbolistes, figurant le corps de la Prieure en un gisant de marbre sculpté ; par un décor extrêmement sobre et pourtant très visuel, où l’intelligent déplacement de panneaux fait tour à tour apparaître une croix, une ouverture vers l’au-delà ou une simple porte. Economie de moyens donc, qui permet de ne jamais polluer ni extrapoler la portée de l’œuvre. Simplement d’en montrer la tragédie avec tempérance et exactitude, jusque dans la scène finale, bouleversante.


La distribution, elle aussi est tout a fait pertinente. Anne-Sophie Schmidt est une Blanche vibrante et fragile. Tenaillée par le doute, elle ne trouvera finalement la paix que dans la mort. Si les aigus sont parfois un peu durs, la voix est ronde et bien présente, la diction soignée. La prieure de Nadine Denize est poignante, rongée par la peur qui l’étreint au seuil de la mort.


Patricia Petibon campe une Constance remarquable, lumineuse, autant sur le plan vocal que dans son incarnation exaltée. A leurs côtés, Valérie Millot, Hedwig Fassbender, Laurence Dale et Didier Henry ne déméritent pas. Sans atteindre l’exceptionnel, leur performance reste fidèle à l’ensemble de la production, tempérée et poignante à la fois. Dommage alors que l’orchestre ait tendance à jouer un peu trop fort, couvrant des chanteurs qui privilégient la compréhension du texte aux décibels.


Notons par ailleurs que dans son souci de pédagogie, l’Opéra du Rhin a organisé un ensemble de manifestations très pertinentes autour de Poulenc. Conférences, projections et concerts de musique religieuse ou de musique de chambre permettaient au public d’appréhender toutes les facettes du talent du compositeur. On ne peut donc que saluer la cohérence et l’intelligence de la démarche d’une ville qui consacre 25% de son budget à la culture. Alors, juste un conseil. Si vous le pouvez, allez faire un petit tour du côté de Strasbourg, il s’y passe des choses étonnantes.



Katia Choquer

 

 

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